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L'histoire du fonds Baulin - Présentation - Fonds d'archives Baulin

L'histoire du fonds Baulin

Interview de Dja-Apharou Issa Ibrahim, Président du Fonds Baulin.}}

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.

Dja-Apharou Issa Ibrahim est propriétaire par donation de l’intégralité des documents constitués par Jacques Baulin dans sa fonction de conseiller des Présidents Boigny et Diori et relativement à la politique intérieure et africaine menées en Côte d’Ivoire et au Niger dans le cadre de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine). Entrevue avec le Président sur l’origine du fonds et les objectifs quant à son exploitation.

Le fonds Baulin - Pourriez-vous nous raconter l’histoire de ce fonds Baulin ? Comment ce projet a-t-il démarré et à l’initiative de qui ?
I.I. - L’initiative vient de Hado Diori Hamani, la fille du Président Diori, et de moi. Baulin m’a légué ses archives de son vivant (il commençait déjà à se sentir fatigué). Il me les a confiés sous la forme d’un contrat. Il m’a précisé que l’exploitation de ses archives « ne devait pas être à but lucratif », mais devait « servir pour l’Histoire ». Ça devait être une façon d’assurer la pérennité de ses actes, de ses archives.

F.B. - S’occuper de ce fonds est certainement une lourde responsabilité. Pourquoi avoir accepter une telle tâche ?
I.I. - Parce que je ne crains pas les difficultés. Et c’est surtout pour me mettre au service de l’Histoire, parce qu’il y a beaucoup de faits tronqués et falsifiés. Avec ces documents, on peut contrecarrer ces déformations et ces falsifications.

F.B. - Quelle sortes de vérités pensez-vous pouvoir retrouver dans ces archives ?
I.I. - Pour les responsables français, les dirigeants africains, et pour les africains eux-même, le but, la motivation et les objectifs de cette période paraissent très différents. La conception de la situation n’était pas du tout la même selon le groupe auquel on appartenait. Rien qu’en France, il y avait la vision de la “France officielle”, le Groupe Foccart [1], et puis des “manipulateurs”. Tout ça faisait une belle salade. Les documents des archives Baulin permettent d’apporter des faits tangibles à confronter à ces différentes visions.

F.B. - De quoi est constitué le fonds Baulin ? Ce sont les ouvrages de M. Baulin ?
I.I. - Ce sont ses ouvrages, ses écrits, certains courriers secrets et privés. Il y a aussi des projets, en fait des projets d’industrialisation du Niger, des projets agricoles, et des projets sociologiques aussi. Donc, il n’y a pas que ses œuvres. Il y a des photos aussi, près de mille photos, des visites d’Houphouët à travers le monde, de Diori aussi et de leurs collaborateurs. C’est essentiellement ça.

F.B. - C’était la volonté de M. Baulin que ce fonds soit valorisé à des fins non lucratives comme vous venez de le dire. Qu’attendez-vous de cette valorisation ?
I.I. - Ça a déjà commencé à porter ces fruits. Je ne sais pas si vous avez fait le lien avec l’assassinat de la Présidente [Madame Aïssa Diori] [2] ? Vous devez avoir vu combien ça intéresse les gens, parce que pendant longtemps on a étouffé l’“affaire”. Et on a même éliminé les gens qui étaient capables d’apporter leur témoignage. Cette valorisation des archives de Baulin s’inscrit dans ce sens : c’est véritablement pour rendre service à l’Histoire.

F.B. - Est-ce que ce sont des choses très présentes dans l’esprit des Nigériens ?
I.I. - L’« Histoire », oui. Et “cette” histoire en particulier, aussi. On en parle beaucoup parce que pendant longtemps elle a été occultée ou carrément transformée. Même à la suite de l’assassinat de Mme Diori, on racontait qu’elle tirait sur les gens, alors qu’elle n’a jamais tenu un fusil de sa vie. Les raisons de cette déformation de la vérité sont évidentes : les putschistes avaient intérêt à le faire pour justifier leur crime.
Pour la politique d’Houphouët-Boigny c’est un peu la même choses. Les faits qui se sont réellement passés sont assez mal connu en fait. Houphouët avait le soutien de la France donc des médias français. On ne racontait que ce qui le servait, alors qu’il n’a pas toujours été un “saint”.

F.B. - Selon vous, à qui s’adresse plus particulièrement ce fonds ?
I.I. - J’aimerais bien qu’il s’adresse plutôt à la jeunesse, celle qui “ne connaît pas” la vérité, qui a une vision partielle des choses. Ça me semble être surtout ça l’essentiel.

F.B. - Cette jeunesse sait-elle qu’elle a une vision « partielle » des choses ?
I.I. - Oui, elle commence à le savoir. Il n’y a qu’à voir sur le site konaï la réaction des jeunes à l’article relatant la vérité sur l’assassinat de Mme Diori. Il y a plus de jeunes qui y vont que de vieilles personnes.

F.B. - Ont-ils changé d’avis par rapport à ce qu’ils pensaient précédemment ?
I.I. - Certainement, parce qu’ils sont plus aptes à rechercher la vérité.

F.B. - C’est l’association Résurgences qui a été chargée de valoriser ce fonds, notamment au travers de ce site internet. Comment a-t-elle été choisie pour mener à bien ce projet ?
I.I. - Par mes relations personnelles avec l’association Résurgences j’ai une garantie que nous pourrons mettre la totalité de ce que l’on doit y mettre, alors que si on passait par d’autres médias, on pouvait risquer d’être censuré. Dans un autre journal qu’il soit en France ou au Niger, il y avait toujours ce risque qu’ils ne prennent que ce qu’ils veulent bien prendre.

F.B. - Y-a-t-il des informations qu’on ne publiera pas ?
I.I. - Moi, je suis prêt à tout mettre. Par exemple, il y avait des réunions d’étudiants à l’époque qui étaient transmises par télex par certains étudiants eux-même à la présidence du Niger ou de la Côte d’Ivoire. Parce que les réseaux étaient infiltrés. Je mettrai ça, même si ça peut ne pas servir la génération de mes parents, je le mettrai.

F.B. - Quels types de documents les visiteurs du site, les étudiants, les chercheurs, toutes les personnes intéressées par cette période de l’histoire africaine pourront-ils consulter ?
I.I. - Il y aura les tractations sur la francophonie, la genèse des relations Nord-Sud, les rapports économiques, même s’ils sont un peu dépassés (il y a eu des recherches géologiques et hydrogéologiques sur le Niger et sur la Côte d’Ivoire aussi). Je pense qu’on peut encore sortir ces documents aujourd’hui et les réactualiser en donnant des informations sur le contexte de cette époque. Et puis il y a les documents portant sur les affaires étrangères, surtout avec le Canada. Le Canada dans sa globalité. Pas seulement le Québec.

F.B. - Les livres de Monsieur Baulin sont-ils largement diffusés ?
I.I. - Non, pas tous. Il y a juste La Succession d’Houphouët, mais ils n’ont pas la Politique africaine d’Houphouët et la Politique intérieure d’Houphouët. D’où l’intérêt d’une diffusion par internet.

F.B. - Voulez-vous ajouter autre chose concernant la réalisation de ce projet ?
I.I. - Oui. Il ne faut pas oublier de quoi les censeurs sont capables. Par exemple, pour la parution du livre Conseiller du Président, Houphouët avait voulu négocier la suppression du manuscrit pure et simple en proposant tout et n’importe quoi. Le but de ce projet est de rétablir l’Histoire, sans plus. Si ça choque quelques-uns, nous n’y pouvons rien. Mais il faut qu’ils nous donnent l’occasion de dire la vérité. Que certains cherchent à contester ce que nous avons à dire, nous l’acceptons tout à fait. Qu’ils contestent, on peut leur amener les preuves de ce qu’on dit.

Interview d’Issa Ibrahim Dja-Apharou, Président du Fonds Baulin, réalisée en juillet 2009, à l’Association Résurgences, à Marseille.

Notes

[1En 1952, Jacques Foccart est coopté par le groupe sénatorial gaulliste pour participer à l’Union française censée gérer les rapports de la France avec ses colonies. En 1953, il accompagne de Gaulle dans un périple africain. Il fait la connaissance à Abidjan d’Houphouët-Boigny. Il deviendra par la suite conseiller politique français et secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgache de 1960 à 1974. Les « réseaux Foccart » ou « Groupe Foccart » se présentaient sous forme d’un carnet d’adresses les diverses tendances composant les relations franco-africaines et leurs liens avec les services secrets français, notamment la DST.

[2A consulter : les articles sur koinai.net, notamment « Ce qui n’a pas été dit » http://www.koinai.net/sur-le-vif/ni...

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