mars 1965, une lettre manuscrite au président Houphouët-Boigny commençant par "Bien cher Tonton" [52]. M. Houphouët-Boigny la fait lire à des journalistes de passage, ce qui amène M. Steketee, envoyé du Algemeen Handelsblad, à noter, à propos de cette lecture :
« L’émotion [ de M. Houphouët-Boigny ] est tout à fait sincère. Il semble au moins douteux que l’auteur de la lettre le soit aussi. La confession est à ce point facile à deviner qu’elle ferait même rougir un adepte du réarmement moral » [53].
Le quatrième ministre condamné à mort, Camille Gris, jadis fonctionnaire, paiera sa double qualité de Bété et de leader syndicaliste pourtant modéré.
Le cinquième condamné à mort, Ladji Sidibé, lui, n’était pas ministre. Fonctionnaire, puis commerçant et transporteur, il était, quatre ans auparavant, l’un des trois intimes, avec Mockey et Djibo Sounkalo, de M. Houphouët-Boigny.
La dernière des victimes connues de ce procès sera Tindiane Dem, intellectuel du nord, devenu homme d’affaires entreprenant. Il avait apporté l’aide des milieux d’affaires ivoiriens à la politique de M. Houphouët-Boigny hostile à toute idée de fédération africaine. Il était le chantre, dans ses articles de Fraternité, de la liberté d’entreprise. Il sera, lui, condamné à dix ans de prison.
D’octobre 1963, début officiel de ma collaboration en tant que conseiller de M. Houphouët-Boigny, à avril 1964, je sentais, pour ainsi dire, physiquement, la pression exercée par M. Philippe Yacé sur le Président pour essayer de le couper définitivement des élites du pays, en le poussant à franchir le pas décisif des exécutions.

Déjà, au meeting de 1963, son discours avait été particulièrement dur. Mieux, lui, directeur de Fraternité, l’avait fait publier dans sa livraison du 4 octobre 1963 sous le titre :« La clémence du chef de l’Etat n’a pas été payée de retour ».
Mais dans les semaines qui suivront, il ne s’agira plus de discours, mais de pressions quotidiennes agrémentées de lettres de dénonciation de plusieurs détenus prêts à tout pour obtenir leur propre libération [<a href=’#nb54’ class=’spip_note’ rel=’appendix’ title=’Dans une brochure intitulée Dimbokro, Haut-lieu du PDCI/RDA éditée par (...)’

Creative Commons License Fonds d’archives Baulin (http://www.fonds-baulin.org), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique