l’arrestation, votent, en vingt minutes, le projet de loi autorisant la réquisition et l’assignation à résidence de toute personne, qu’ils avaient rejeté, toujours à l’unanimité, onze mois auparavant.
Une semaine plus tard, devant les cadres du Parti et de l’État réunis au palais de la présidence, M. Houphouët-Boigny fait un exposé de deux heures sur le « complot ». Le communiqué du P.D.C.I. publié à l’issue de la réunion :
Mais le coup de génie du président Houphouët-Boigny, attelé à la tâche de préserver le monopole du pouvoir, sera de choisir J.B. Mockey - la première des victimes de la bourgeoisie terrienne, éliminé de la scène politique et exilé depuis près de deux ans à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Jérusalem - comme président de la Cour de Sûreté de l’État. Ainsi, on fera condamner les dirigeants de l’intelligentsia ivoirienne par celui-là même qui pouvait le mieux représenter l’ensemble de la bourgeoisie non-terrienne. Le 8 février, le président et les juges de la Cour de Sûreté de l’État prêtent serment et s’engagent à exercer leurs fonctions « en toute impartialité ».
L’intelligentsia ivoirienne se sent visée dans sa totalité. En effet, quelques jours avant l’assassinat d’Olympio, M. Ph. Yacé avait réuni environ 2 000 fonctionnaires et les avait invités à « participer en militants... à la construction nationale ». Il avait montré le bout de l’oreille en attaquant les jeunes, rentrés de France « nantis de diplômes... marqués par l’influence communiste [et qui] firent bientôt [de la J.R.D.A.C.I.] une concurrente du Parti » [27].
Il accusait en somme les intellectuels d’avoir essayé d’ébranler le monopole politique du P.D.C.I. C’était là l’essentiel de leur crime. Seule la chirurgie profonde, l’ablation de cet organe gangrené du corps social ivoirien pouvait préserver le leadership des gros planteurs. Surtout au moment où l’assassinat d’Olympio pouvait
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