class=’manualbr’ />Pour atteindre son premier objectif, il prendra l’initiative unique dans l’histoire, du moins à notre connaissance, de toute une série de mesures pour augmenter quantitativement le nombre de planteurs, notamment en
poussant les dirigeants du régime à se transformer en planteurs. Il les convoque donc à Yamoussoukro le 13 mars 1965 et officialise sa tactique en leur déclarant :
« Si j’ai tenu à ce que les responsables à tous les échelons : politique, administratif, législatif se réunissent ici, c’est parce que je veux renouveler à tous un appel pressant : il faut que chacun de nous fasse retour à la terre… »
Et il précise les normes : chaque ministre doit créer, au minimum, une plantation de 15 hectares, chaque député ou membre du Conseil Économique 10, les chefs de service 5, etc.
« Tous iront bien au-delà de ce que nous attendions », dira plus tard le président Houphouët-Boigny qui ajoutera : « C’est peut-être la plus belle satisfaction de ma carrière politique. »
Effectivement, les directives présidentielles et la disponibilité des crédits ont dû porter rapidement des fruits, puisqu’une année plus tard, en accueillant les députés à l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée nationale, son président, M. Philippe Yacé, pourra déclarer :
_ « L’ouverture de cette session, mes chers collègues, vous a certainement arrachés à vos préoccupations agricoles…
« En effet l’écho nous est parvenu favorable et encourageant, de vos réalisations agricoles pendant les vacances parlementaires. Vous avez mis à profit le premier comice, poursuit-il, … pour créer de nouvelles palmeraies, améliorer les anciennes plantations de café quand vous ne les reconvertissiez pas en plantations de cacao : vous avez étendu les bananeraies, développé les champs de cultures vivrières…
« Vous avez ainsi pris conscience de l’importance qui s’attache aux paroles du chef de l’État… » [5]
Pour accélérer davantage l’expansion numérique de la classe des propriétaires terriens, le gouvernement avait décidé, quelques semaines auparavant - le 8 mars 1966 - de créer Motoragri, Société d’État, « chargée de réaliser des programmes de développement agricole dont la mise en œuvre exige des moyens dépassant les possibilités individuelles de nos agriculteurs ». Les 120 engins à chenilles, les 12 motograders et les 72