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M. Konian Kodjo déclarait par contre avoir reçu plusieurs milliers de demandes de prêts, représentant environ 3 milliards de francs [19]. Elles, on peut en être certain, provenaient des petits paysans.
En fait, Société d’État, avec une dotation initiale de 250 000 000 de francs C.F.A. versés en totalité par le gouvernement de la Côte d’Ivoire, la C.N.C.A., considérée de plus comme un organisme bancaire plutôt qu’un service public, ne paraît nullement apte à venir en aide aux petits paysans.
Tout d’abord l’article 8 du décret n° 61-66 du 20 mars modifiant la loi créant le Crédit agricole stipule que « les prêts sont obligatoirement assortis de garanties ».
Que peut donner comme garantie le paysan sénoufo, bété ou même baoulé ? Pas grand-chose. Le résultat ? Au 31 décembre 1962, le poste « équipement des agriculteurs et artisans en petit matériel » figure pour 4 600 000 francs C.F.A. alors qu’à cette date le montant global des prêts accordés par la C.N.C.A. s’élevait à 1 231 225 753 francs [20].
Les paysans ne cachent bien entendu pas leur mécontentement. Celui-ci apparaît clairement dans une série d’articles imprudents publiés par Fraternité, sous forme de questions des paysans à propos du crédit et de réponses de l’animateur, réponses censées récuser en quelque sorte les doléances des petits planteurs.
Aux fermiers qui lui disent « nous pouvons, en garantie, présenter nos terres » pour obtenir des crédits, l’animateur répond, c’est caractéristique :
« … Vos terres, même si elles ont une superficie importante, sont trop souvent éparpillées, éloignées des voies de circulation ou d’une fertilité discutable. Il est bien difficile, alors, d’évaluer le capital qu’elles représentent. Et ce n’est pas tout. En règle générale, les titres de propriété foncière ne sont pas nettement définis et les parcelles appartiennent parfois à plusieurs propriétaires… » [21].
Les fermiers, avec leur solide bon sens, montrent alors qu’ils ne sont pas dupes, en posant le problème des “gros planteurs” :
« … Si