l’étranger, notamment de la France » [5].
Il convient d’étudier, rapidement, ces différentes données.
Parmi les facteurs cités par le document ci-dessus, le rôle de la forêt dans l’épanouissement spectaculaire de l’économie ivoirienne nous paraît essentiel.
En effet, quand on vient à l’analyse de l’économie ivoirienne, on pense avant tout et quasi automatiquement, au café et au cacao. Certes, ces deux produits tiennent toujours une place considérable dans les exportations de la Côte d’Ivoire avec respectivement 275 000 et 312 000 tonnes en 1979. Mais quoique les exportations de bois ne représentaient en valeur que 22,5 % du total - contre 53,7 % pour le café et le cacao - en 1970, le ministère du plan lui accordait, dès le lendemain de l’indépendance, une place prépondérante. Il considérait en effet que « l’exploitation forestière a constitué l’amorce de la mise en valeur de la Côte d’Ivoire… [Elle] fournit du trafic aux transporteurs routiers, aux chemins de fer et aux entreprises de remorquage [du port]… »
L’accroissement de la production de grumes paraît spectaculaire. Elle passe de 292 000 m3 en 1954, à 2 258 000 dix ans plus tard, 3 500 000 en 1970, et à 5 200 000 m3 en 1977.
Mais le ministère du Plan, loin de se féliciter de cette évolution, avait jeté un cri d’alarme dès 1965. Il avait relevé d’abord qu’entre le début de la colonisation et 1961, l’étendue de la forêt dense avait régressé de 50 %, tombant de 14 000 000 à 7 000 000 d’hectares. Poussant l’analyse plus loin, « un hectare de forêt dense tropicale, notait-il, contient en moyenne 200 m3 de bois de diamètre exploitable… [Or], sur la base des besoins actuels de la clientèle, précisait-il, on évalue à environ 4 m3, soit 2 % seulement, le tonnage commercialisable ». En somme il condamnait le gaspillage d’une richesse non renouvelable.
A la même époque, au début de 1967, M. Abdoulaye Sawadogo, ministre-délégué à l’Agriculture, abondait dans le même sens dans une « Communication en Conseil des Ministres. » Dans ce document confidentiel d’une quinzaine de pages, il insistait, déjà, sur l’existence d’« un véritable écrémage de la forêt ».
Pour sa part, la B.C.E.A.O., dans son bulletin de mai 1973, estimait « la superficie existante de forêts denses [à] 5 500 000 ha », soit 1 500 000 ha de moins que dix ans