intitulée : « On nous a trop volés », et parue dans la livraison du 22 décembre 1932 de la publication socialiste.
Après avoir rendu hommage à l’œuvre civilisatrice de la France, l’auteur précise clairement :
« Nous nous sommes créés d’importantes plantations dont les produits doivent assurer notre bien-être. Pour justifier leurs spéculations, ajoute-t-il, certaines personnes affirment cyniquement que nous avons peu de besoins à satisfaire. Si les conditions dans lesquelles nous vivions il y a vingt ans sont jugées satisfaisantes, la France n’aura pas sa raison d’être dans cette colonie. Or si nous avons la paix, nous n’avons pas encore le bien-être ».
Celui qui réclamait ainsi le droit des planteurs ivoiriens à un certain niveau de vie, était en fait, on le saura en 1964 [13], M. Félix Houphouët. Comme il sera, semble-t-il, à l’origine de la manifestation de force que constituera, un peu plus tard, la grève de la vente de fèves de cacao.
Par quel concours de circonstances, le médecin africain, alors en poste à Abengourou, en était-il arrivé à servir de porte-parole de la bourgeoisie terrienne naissante ?
Ses origines ? Était-il « prince », descendant de la « Reine des Akoués » comme l’affirme et le répète pieusement son ami de toujours le Président Mamadou Coulibaly ? [14] Ou était-il « d’une famille insignifiante d’origine gouro », comme le relevait, avec hargne, M. Étienne Djaument, son adversaire de la fin des années 40 ? Lors de son audition du 31 mai 1950 par la Commission chargée d’enquêter sur les incidents survenus en Côte d’Ivoire, M. Houphouët insiste assez longuement sur ce problème. En voici certains passages :
« On vous parlera du roi des Baoulés… Or, je ne suis pas roi… Il y avait bien un roi des Baoulés avant l’arrivée des Français mais il n’était pas de la famille des Houphouët. Il était de la famille de la reine Abraha Pokou, dont le dernier représentant est Kouakou Anoublé, qui vit à Sakassou (40 km de Bouaké). Mais mon oncle a résisté à la pénétration. On a alors rétabli le royaume pour les autres chefs africains et l’on a ravalé ce pauvre Kouakou Anoublé au rang de chef de canton, de telle sorte que Anoublé, qui était le suzerain de ma