accepter de soumettre leurs intérêts à la primauté des intérêts de la classe des propriétaires terriens, si elles veulent triompher de l’ennemi colonialiste.
Deux autres phrases, dans le même article, confirment cette conception assez étonnante du marxisme :
« … Entre les exploiteurs et les exploités, les réactionnaires et les démocrates, proclame M. Houphouët-Boigny, nous ne saurions hésiter ; nous serons corps et âme avec les forces progressistes contre les forces rétrogrades ».
De toute évidence, le leader ivoirien croit appartenir, lui tout comme ses amis planteurs, au camp des exploités et des démocrates, les exploiteurs et les réactionnaires étant les colons français et leurs protecteurs de la métropole.
L’absence de réaction du P.C.F. [69] - Démocratie Nouvelle aurait pu refuser la publication de cet article - confirme la justesse de cette thèse. Il faut reconnaître, la position de M. Houphouët-Boigny paraît, jusque là, cohérente, et celle du P.C.F. plutôt vacillante.
Mais les choses prennent un tout autre aspect quand, dans le même article, la plume de M.Houphouët-Boigny trace les mots « la classe montante, la classe ouvrière ». Le risque, il est vrai, n’est pas bien grand puisque cette classe reste encore dans les limbes en Côte d’Ivoire comme dans l’ensemble de l’A.O.F. Cela laisse quand même rêveur.
Ceci dit, en pleine guerre froide, il n’hésite pas à se compromettre avec les communistes. Passe encore qu’il préside - avec d’autres personnalités communistes - l’un des Congrès du P.C.F. [70]. Mais il va plus loin et s’engage sans ambiguïté aux côtés des communistes, dans son allocution à « la réception fraternelle des élus d’outre-mer » organisée par les dirigeants du Parti communiste français. En présence de Thorez, Duclos et Marty, le leader des propriétaires terriens de Côte d’Ivoire, se présente comme le prototype du parfait « compagnon de route ». Son discours constitue en effet un hymne à la gloire du Parti communiste français. France Nouvelle du 11 janvier 1947 en publie le texte dont voici de larges extraits :
« … L’Afrique, proclame M. Houphouët-Boigny, malgré les empêchements, les brimades, les représailles des colonialistes aux abois,