probablement, même si le témoignage d’Étienne Djaument est suspect en soi. Certainement à Treichville, en Côte d’Ivoire, car « il participait régulièrement au groupe d’études communistes » [67]. D’ailleurs, à notre connaissance, M.Houphouët-Boigny n’a jamais essayé de nier ces faits.
Encourageait-il d’autres à y participer ? Devant la Commission d’enquête parlementaire, s’adressant à l’un de ses membres, M. Lisette, M. Djaument déclarera, lors de sa déposition recueillie à Abidjan :
« C’est vous qui fournissez le noyau d’élèves au G.E.C. du Tchad, comme Houphouët le fournit ici… Les cours se faisaient sur l’insistance d’Houphouët… ».
Mme Stibbe confirmera ce fait, puisque M. Houphouët-Boigny lui reprochait de se refuser à y participer [68].
A-t-il été un « compagnon de route » engagé pleinement ? A-t-il pris des positions ouvertement pro-communistes et pro-soviétiques ? Cela ne fait aucun doute. De très nombreux discours et déclarations le prouvent abondamment. Quand on en prend connaissance, on se trouve envahi par un sentiment d’ahurissement. A un double titre d’ailleurs. Pour qui a connu de près, comme moi, le président de la République de Côte d’Ivoire, il est difficile de l’imaginer à ce point compagnon de route fidèle, ou « allié naturel » des communistes. Il est tout aussi ahurissant de concevoir un P.C.F. acceptant sans broncher, comme du pain béni, les proclamations « frontistes » voire prolétariennes sinon révolutionnaires du dirigeant ivoirien.
Quelques textes d’époque préciseront davantage l’image de ce Félix Houphouët-Boigny paradoxal. Nous disposons d’abord d’un article paru dans Démocratie Nouvelle de février 1947. Le leader ivoirien se livre, dans l’organe théorique du P.C.F., à une analyse de la situation en Afrique noire. Son langage est indubitablement marxiste, mais il s’agit, fondamentalement, d’un plaidoyer pro domo.
Il y prêche ouvertement pour son saint, pour la préservation du leadership de la classe des propriétaires terriens. Pour ce faire, il argue de la nécessité de préserver l’unité, puisque, s’il admet l’existence effective des classes sociales, leurs intérêts dit-il ne sont guère antagonistes. En bref, dans la lutte anti-coloniale, toutes les classes sociales ivoiriennes doivent