président du Conseil Économique et Social de Côte d’Ivoire, le Parti Progressiste, « d’inclinaison raciste [était animé par] le ressentiment de voir le pays représenté au Parlement français par des ressortissants du Centre et du Nord de la Côte d’Ivoire… [et croyait] que la direction politique du pays revenait plutôt aux enfants du Sud dont les aïeux avaient été les premiers à accueillir les pionniers français » [52].
Mais le « Parti Progressiste » ne faisait réellement pas le poids. Son leader, M. Binzème, un Agni, avait tout juste récolté 243 voix - contre près de 13 000 à Félix Houphouët - lors du second tour des élections d’automne 1945 en Côte d’Ivoire. Il affirmait alors combattre « un capitalisme nègre plus odieux et plus révoltant que celui qu’on voulait abattre » [53]. A l’époque, les colons recouraient à des arguments similaires.
C’est dans ce contexte bien mal choisit que le colonat d’Afrique occidentale, sous la bannière de celui de Côte d’Ivoire, prend une initiative dont le seul résultat sera d’étendre l’influence de M. Houphouët-Boigny à l’ensemble de l’A.O.F.
Au départ, les colons de Côte d’Ivoire, déçus des résultats de l’action de leur représentant à la première Constituante qui n’avait pu s’opposer à l’abolition du travail forcé, avaient élu, à la seconde, le colonel Schick. Ils comptaient sur lui, sur son dynamisme, pour « faire rétablir le travail forcé ». Cela paraît invraisemblable, mais à l’époque, en 1945-1946, les colons, complètement déphasés, pensaient, semble-t-il, pouvoir amener un gouvernement issu de la résistance, et représentant un peuple ayant souffert du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), à changer d’attitude sur un tel problème !
Décidés à se battre pied à pied, les colons essaieront ensuite d’atteindre leurs objectifs, à savoir une défense plus efficace de leurs intérêts, par une action coordonnée au niveau des différents territoires. Une première réunion des « États Généraux de la Colonisation » groupant les représentants des colons de la quasi-totalité des territoires d’Afrique noire, à Douala, au Cameroun, le 5 septembre 1945, sera suivie d’une seconde, à Paris, en juillet 1946.
Jean Rose, le porte-parole haineux des colons de Côte d’Ivoire, c’est-à-dire du territoire