montante de la lutte non pas anti-coloniale, mais contre les colons et l’administration coloniale de la métropole, les planteurs ivoiriens, tout en se mobilisant essentiellement pour la défense de leurs intérêts propres, polariseront et entraîneront derrière eux la quasi-totalité des couches sociales naissantes toutes ethnies confondues. On retrouve effectivement le schéma classique d’une classe dirigeante dont la lutte prend une dimension « nationale ». Les troupes affluent.
Ainsi, l’abolition toute proche du travail forcé amènera sous les étendards de la classe des planteurs, les gros bataillons de paysans.
Les colporteurs et commerçants, eux aussi, soutiennent le S.A.A. Le marasme des affaires les frappe en effet de plein fouet. Il y a pénurie généralisée de biens de consommation, d’articles ménagers. Le négoce du café et du cacao reste monopolisé par les grandes maisons de commerce qui de plus s’obstinent « à utiliser comme intermédiaire des Européens, des Libanais et des Syriens plutôt que des Africains » [41]. Les déplacements sont difficiles faute de camions.
Et les fonctionnaires ? La force du courant les pousse, en dépit de leur réticences. Certes ils ressentent plus que beaucoup d’autres, le racisme ambiant et en souffrent. Certes ils revendiquent des soldes moins disproportionnées par rapport aux émoluments de leur collègues blancs. Il savent cependant qu’ils sont des privilégiés. Et puis il y a eu la Conférence de Brazzaville qui leur fait entrevoir des horizons nouveaux. Déjà l’administration élargit leur champ d’action. Toutefois ces seuls facteurs ne pourraient expliquer leur apathie, leurs hésitations.
A mon sens, il convient de rechercher la cause de leur manque d’enthousiasme dans le combat anti-colonial, dans leur refus d’admettre les planteurs comme dirigeants du mouvement. Ils les récusent. Il croient que la direction leur revient de droit. Les exemples du Nigeria, de la Gold Coast et du Kenya était là pour le prouver. Mais la réalité du rapport des forces ne correspond pas à leur désirs. Faute de mieux, ils bouderont, ils représenteront un poids mort dans ce tourbillon qui balaie les différentes composantes du pays et les mobilise autour de la couche des planteurs.

Houphouët, leader de la lutte anti-coloniale


La Côte d’Ivoire, depuis la constitution du Syndicat Agricole Africain - auquel participent, nous l’avons relevé, de nombreux chefs - fait figure de pays d’avant-garde, voire révolutionnaire.
Face à l’offensive économique des

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