/>« Les planteurs métropolitains, qui pouvaient aller dans la métropole se joindre à leur frères qui luttaient contre l’occupant, refusaient de s’y rendre ».
Quant au cadre mondial dans lequel se place cette mobilisation générale des Ivoiriens, ses composantes essentielles s’appellent Charte de l’Atlantique, Charte des Nations-Unies, Accords de Téhéran, Conférence de Brazzaville et s’appelleront bientôt Kabylie, Indochine, Madagascar.
La Conférence de Brazzaville, en particulier, réunie du 30 janvier au 8 février 1944 sous la présidence du général de Gaulle, produit dans l’élite africaine des échos sans rapport réel avec le contenu de la Charte. Pour les Ivoiriens, elle représente un formidable pas en avant dans la voie de la libéralisation, de la réforme, de l’amélioration du statut des Africains.
Au demeurant, les discours du général de Gaulle, de M. Félix Goin, de M. Pleven, ennoblissent encore le texte initial, en le rendant particulièrement attrayant pour les planteurs ivoiriens en lutte pour leur revendication de classe. D’ailleurs, nul ne songe alors, en Afrique, à l’indépendance voire à la simple autonomie. La promesse de « suppression… de l’indigénat dès la fin de la guerre… de même que l’abolition du travail forcé dans un délai de cinq ans », ne sont pas considérées comme de simples miettes par les planteurs ivoiriens.
A ce moment crucial du devenir de la classe naissante des planteurs ivoiriens, donc de la Côte d’Ivoire, un homme jouera un rôle de tout premier plan. C’est le gouverneur André Latrille, le Français le plus controversé de l’histoire de la Côte d’Ivoire, mais aussi l’administrateur le plus équitable, le moins raciste, le plus courageux, en un mot le plus sympathique de la colonisation. Les colons, non contents de l’insulter, de le calomnier multipliaient les pressions, dès juillet 1944, auprès d’Alger - Paris n’était pas encore libéré - pour obtenir son rappel [30]
M. André Latrille, choisi personnellement par M. René Pleven, pour devenir gouverneur de la Côte d’Ivoire en août 1943, « veut s’attacher à travailler dans l’esprit de Brazzaville », écrit Georges Chaffard. Mais ajoute-t-il, « les résistances auxquelles il se heurtera lui vaudront bientôt d’être considéré par les colons comme l’ennemi n° 1, par l’administration locale comme un “communiste”. Son principal crime sera de ne pas