comme l’en accusent ses détracteurs, déclarera dans sa déposition du 31 mai 1950 :
« En 1909, au moment de l’occupation française, ma famille a cru devoir se mettre du côté des Français. Ma grand’tante, Yam Oussou, a mis son neveu et héritier Kouassi N’Go au service des administrateurs Simon et Moesh qui étaient encerclés par la population akoué » [3].
« Bref, je vous dirai que j’ai perdu mon oncle dans cette collaboration avec les métropolitains. Vous trouverez à Yamoussoukro une pyramide que l’administration a fait élever à la mémoire de Kouassi N’Go, chef des Akoués, fidèle serviteur de la France » [4].
Une aussi longue activité militaire, et débouchant parfois sur des drames comme celui cité ci-dessus, s’accompagnait bien entendu de dégâts énormes dans la hiérarchie traditionnelle. Ainsi l’administration procède à des regroupements de villages ou s’emploie, avec une totale inconscience, à diminuer l’autorité d’un chef suspect ou encore à promouvoir un autre dépourvu de prestige. On charge aussi les chefs de la collecte de la patente, et surtout de l’impôt de capitation. Les chefs ainsi rabaissés sont tournés en dérision par leurs sujets qui les appellent désormais « chefs-l’impôt ». Tout concourt en somme à une rupture des sociétés indigènes.
Le rapport de l’inspecteur Maret, daté du 5 décembre 1930, donne une vue précise de l’ampleur de la dégradation volontaire, voulue, recherchée, de la chefferie : les chefs traditionnels se retrouvent réduits à de simples « chefs de cantons » qui tirent leur pouvoir de la seule autorité coloniale.
Ces chefs, ainsi rabaissés sciemment au rang de simples auxiliaires du colonisateur, il n’était pas illogique de leur demander, de plus, de se transformer en pourvoyeurs de main-d’œuvre forcée à l’occupant ou à ses citoyens.
Un autre phénomène concourra, à son tour, à l’affaissement de l’autorité des chefs : la prolifération dans l’entre-deux guerres, dans les centres urbains, d’associations ethniques, dirigées par des “lettrés”, commis de l’administration ou employés des société privées.
L’intrusion de l’économie de marché, aboutissement logique de l’introduction de cultures spéculatives comme le café ou la cacao,