d’entre eux, du moins à notre connaissance, provenaient de la couche des planteurs, et il n’y avait absolument aucun gros planteur parmi eux.
Mesures coercitives, brimades, exactions, pénalités, sanctions économiques, ne forment pas l’ensemble des moyens répressifs employés par le gouverneur de la Côte d’Ivoire. Il joue aussi sur les antagonismes tribaux. Là encore, il triomphe. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la prose de M. Vamé Doumouya, l’un des adversaires les plus virulents du R.D.A. : « Déjà, écrit-il, des races entières sont sorties du joug : tout l’Est du pays, de Bondoukou à Assinie, échappe désormais au R.D.A. Il en va de même du pays Bété, des régions de Divo, Lakota, Gagnoa, Odienné. Il n’y a qu’en pays baoulé que le R.D.A reste capable d’influence ».
Le but de l’administration paraît limpide : elle cherche à « abattre » le R.D.A. ; à « décapiter le mouvement démocratique en Afrique noire en détruisant sa magnifique avant-garde de Côte d’Ivoire » [11]. M. Mouragues, gouverneur de la Haute-Volta, lui non plus, ne cache guère son objectif ; et pour ajouter sans doute au désespoir des dirigeants du R.D.A., leur affirme que même le ministre de la France d’outre-mer ne peut intervenir dans des questions de maintien de l’ordre. L’administration, pour atteindre son objectif, fait interdire toutes réunions du R.D.A. sur le territoire de la Côte d’Ivoire à partir du 1er février 1950 [12]. D’où difficultés accrues pour essayer de préserver la cohésion du mouvement. Les organisations hostiles au R.D.A. profitent de la situation pour en demander la dissolution.
Le Parti, l’outil, donc le rôle dirigeant de la classe des planteurs, se trouve en péril. Félix Houphouët-Boigny prend pleinement conscience « de la volonté de M. Péchoux de mettre tout en œuvre pour briser notre mouvement ».
Mais aussi, il en est convaincu et tient paradoxalement à le préciser, face à la peur des nantis et la débandade des cadres, « toute la masse [demeure] fidèle à notre mouvement ». Il affirme encore : « Péchoux… savait-même qu’il n’avait pas entamé la masse du pays, que celle-ci était restée entièrement derrière le R.D.A. »
Bien plus tard, tirant la leçon des événements de cette période, Félix Houphouët-Boigny déclarera dans