l’Afrique occidentale. A cette époque, la notion de « pays » se confondait toujours avec « Afrique ». [41]
Sans le proclamer, voire en évitant de s’en réclamer, M. Houphouët-Boigny est devenu, entre temps un partisan convaincu du "Elfenbeinküste über Alles". Il arrivera même un moment où le gouvernement français, par la bouche de son ministre de la France d’Outre-Mer, essaiera de faire pression sur M. Houphouët-Boigny pour l’amener à accepter, dans le cadre de la Communauté franco-africaine, créée en 1958, la survie d’une « fédération primaire » groupant les anciens États de l’A.O.F. M. Houphouët-Boigny rejette cette formule : il veut une fédération directe groupant la France et les États africains, « une adhésion directe de chaque État à la communauté ».
Il ne veut de toute évidence pas avoir à financer les autres États. Il le nie énergiquement en décembre 1958 [42], car, dit-il, ce « serait mesquin » [43].
Le président du R.D.A. semble avoir hâte d’atteindre le point de non retour. Le 30 avril 1959, l’Assemblée Législative de Côte d’Ivoire accorde son investiture à Félix Houphouët-Boigny qui devient le Premier ministre du gouvernement de la République de Côte d’Ivoire [44]. Elle avait été élue le 12 avril et comprenait 100 députés dont 21 planteurs. C’est le seul État de l’ensemble francophone à avoir une telle proportion de représentants de ce groupe socio-économique. Dans tous les autres États, sauf erreur de notre part, les représentants de la fonction publique prédominent.
Cette différence fondamentale caractérise bien la Côte d’Ivoire et éclaire la suite des événements.