ira encore plus loin dans la voie de la collaboration avec les colons et l’administration, dans sa déclaration, en juillet 1955, au Comité de Coordination du R.D.A. réuni à Conakry. Il y rend hommage à « l’évolution favorable du colonat… car nous sommes de ceux qui pensent qu’il y a de la place pour tous en Afrique ». Et il ajoute :
« Il n’y a pas et il ne peut y avoir d’action utile en dehors de la coopération avec l’Administration. »
En acceptant de collaborer avec l’administration coloniale, en acceptant de subir stoïquement avanies et insultes, M. Houphouët-Boigny a réussi à sauver l’essentiel, à savoir les intérêts des planteurs et la préservation de leur prééminence dans le pays. Les chiffres le prouvent, la voie choisie par le leader ivoirien apparaît sous un jour éminemment favorable aux planteurs. Ainsi, les superficies des plantations africaines doublent ou presque, entre 1953 et 1959, comme le montre le tableau ci-dessous :
cacao | café | ensemble | |
1946 | 115 | 158 | 273 |
1950 | 153 | 158 | 311 |
1953 | 177 | 212 | 389 |
1956 | 222 | 318 | 540 |
1959 | 230 | 503 | 733 |
En contrepartie, il lui faut abandonner son thème favori de jadis, à savoir : « La lutte contre le colonialisme n’a de sens que si elle aboutit à la diminution de ses profits et surprofits, puis à leur suppression définitive. » D’où la nécessité de changer de stratégie. De cesser de condamner le droit pour les grandes maisons de commerce de réaliser d’énormes bénéfices, « le droit absolu pour la S.C.O.A., par exemple, de faire en 1935-36 des bénéfices nets de 9 millions qui, en 1948-49 doivent passer à 455 millions de francs C.F.A… » [31].
En conséquence, faisant montre d’une profonde sagesse de classe, le leader des planteurs accepte le principe du partage du gâteau ivoirien avec le secteur tertiaire français, en se promettant d’élargir progressivement la
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