du Mouvement. Celui-ci, pour « démasquer » M. Houphouët-Boigny, engage une polémique [22] enrichissante sous certains aspects et déplorable sous d’autres.
« Je me suis séparé des communistes, proclame M. Houphouët-Boigny, … parce que notre Mouvement n’est pas communiste… Il nous faut tuer le faux prétexte, le prétexte communiste… »
M. Gabriel d’Arboussier fait valoir la légèreté de l’argument en rappelant la lutte menée par M. Houphouët-Boigny lui-même contre M. Apithy [23] à Dakar, en octobre 1948, en faveur de l’approbation de l’apparentement aux groupes communiste et progressiste par le Comité de Coordination. M. Houphouët-Boigny n’avait-il pas déclaré alors :
« Étions-nous liés aux communistes en 1945 pour que la réaction nous combatte ? Avec elle, il suffit de parler des intérêts de la masse, de poser les problèmes sous leur vrai jour pour subir ses assauts… Je veux croire qu’Apithy, parce que coupé de la masse africaine, reconsidérera sa position. »
En d’autres termes, selon M. Houphouët-Boigny lui-même, il n’existait pas de relation de cause à effet entre l’apparentement au P.C. et l’hostilité de l’administration puisque celle-ci était antérieure à celui-là, ensuite les intérêts du colonialisme s’opposaient automatiquement à ceux de la masse ; enfin, toujours selon M. Houphouët-Boigny, vouloir abandonner l’alliance communiste signifiait être coupé de « la masse africaine ».
« La lutte continue, affirme encore M. Houphouët-Boigny, en juillet 1952, avec, en moins, le prétexte communiste. » D’Arboussier rétorque en le renvoyant à la résolution du Congrès d’Abidjan de janvier 1949 qui « devant l’évidence de la division du monde en deux camps », avait choisi pour le R.D.A. « le camp des démocrates et des hommes de progrès qui porte en lui l’avenir de l’humanité ». En somme, selon d’Arboussier, le R.D.A., ayant déserté un des deux camps se retrouve forcément dans l’autre, donc ne peut plus prétendre continuer la lutte anti-coloniale. Pour clarifier davantage la situation, d’Arboussier reproche à M. Houphouët-Boigny l’« abandon de la ligne anticolonialiste du