événement, et dans ce contexte les dates prennent toute leur importance :
en mars 1950, M. Houphouët-Boigny, après avoir quitter précipitamment la Côte d’Ivoire, prononce le discours d’usage devant le mouvement français de la paix.
en avril, il salue le XIIe Congrès du Parti communiste français par un autre discours d’une stricte orthodoxie.
du 31 mai au 28 juin 1950, au cours de quatre longues auditions par la Commission d’enquête parlementaire, il fait une prestation de militant anti-colonial d’une extrême dignité.
durant ce même mois de juin, il entre en contact avec le sénateur Raphaël Saller et lui fait part de son désir de prendre langue avec le gouvernement. « Je lui ai donc proposé de l’aider à se dégager, précise M. Saller, et il a accepté. »
Ce double jeu a, pour arrière-plan, une atmosphère d’intrigues accrue par le caractère secret et semble-t-il personnel des premiers contacts : peu de dirigeants français et africains paraissent être au courant, du moins au départ. Les détenus de la prison de Grand Bassam, eux, en sont toujours à l’envoi d’un message enthousiaste à Maurice Thorez dans lequel ils lui expriment leurs « ardents souhaits de bonheur et de longévité ». « Coffi Gadeau Germain, comptable », le militant pur, le patriote exemplaire, le camarade plein de cœur, confie à un cahier d’écolier ou à des feuillets comptables des poèmes dédiés aux 21 accusés de Treichville condamnés en mars 1950 à diverses peines de prison par la Cour d’Assises de Grand-Bassam. De sa belle écriture, il chante les siens, « Mockey, Ekra, Jacob, Paraiso », engagés sur le chemin de l’honneur » ; il glorifie le sacrifice des Franc Tireurs et Partisans français, et maudit l’administration coloniale comparée à le gestapo ; il clame enfin son « indéfectible fidélité à la cause de la liberté » [21].
Le virage brusque, décidé par M. Houphouët-Boigny, se situe dans ce contexte psychologique peu favorable. Il sera rendu plus difficile encore par l’opposition résolue de quelques-uns de ses anciens amis du R.D.A., avec à leur tête Gabriel d’Arboussier, ex-secrétaire général