Mon précédent ouvrage La politique africaine d’Houphouët-Boigny a connu un certain succès puisque la première édition a été épuisée en dix mois. Succès qui a nécessité une seconde édition.
Et pourtant le sujet était ardu. Les livres sur l’Afrique sont peu recherchés, l’éditeur n’avait aucune expérience en la matière, le prix de vente paraissait prohibitif et surtout la presse de langue française, Le Monde et Ouest-France mis à part, avait observé un silence à la fois amusant et ridicule, à l’expérience totalement inefficace.
Ce faisceau d’obstacles n’a pu empêcher une large diffusion en Afrique, et surtout en Côte d’Ivoire où, aux dires de certains, chaque exemplaire du livre aurait eu plus de dix lecteurs [1].
Un tel succès ne peut s’expliquer que par la volonté des Ivoiriens en particulier, et des Africains d’une façon générale, de connaître à tout prix la face soigneusement cachée de la réalité. Cette soif de connaissance, et aussi les pressions exercées par nombre d’amis ivoiriens me demandant de poursuivre l’œuvre de désintoxication commencée il y a deux ans m’ont amené à publier le précédent ouvrage. Il constitue en fait, comme mon précédent un condensé de ce qui aurait dû devenir une thèse de doctorat d’État, et dont le titre - Le rôle de la bourgeoisie terrienne dans la politique intérieure de la Côte d’Ivoire - avait été déposé en Sorbonne dès 1973. Son objet ne se limite pas à la publication ou à l’analyse de documents confidentiels ou inédits sur telle ou telle période de l’histoire de la Côte d’Ivoire, en particulier sur les fameux « complots » ou le « suicide » d’Ernest Boka.
J’ai cherché surtout à mettre en relief le fil conducteur de la politique intérieure de la Côte d’Ivoire. Et ce faisant, à démontrer le prodigieux esprit de suite des gros propriétaires fonciers qui ont réussi, dans une grande mesure, à bâtir une société au service de leurs intérêts propres.
Mes amis ivoiriens m’ont demandé également de me présenter à mes lecteurs « qui ont le droit de connaître la personnalité de l’auteur ». Je m’exécute donc, en espérant que ces mêmes lecteurs - ou d’autres - ne m’accuseront pas de manquer de