class=’manualbr’ />Mais le poids spécifique de M. Houphouët-Boigny est énorme en Afrique francophone. Or, il ne cache pas son hostilité à l’entrée sans préalable de la Guinée dans la Communauté, comme à toute aide libérale de la France à la brebis galeuse du R.D.A. Il réitère sa mise en garde. « Nous n’admettrons à aucun prix, dit-il, que l’effort que vous ferez pour la Guinée puisse équivaloir celui que vous devez faire en faveur de nous autres, membres de la Communauté franco-africaine » [8].
Paris s’incline. Cette attitude exaspère, de toute évidence, le président Sékou Touré, connu pour son allergie à la modération et sa fierté à fleur de peau. On veut de toute évidence l’humilier. On abuse de sa patience. Le gouvernement français joue à fond la carte ivoirienne. Le 19 février, commentant l’explosion de la première bombe atomique française au Sahara, l’Agence guinéenne de presse exprime le vœu de voir la France « balayée économiquement et politiquement du continent africain... »
Le 28 février 1960, suite logique de la non-application des accords franco-guinéens du 7 janvier 1959, le président Sékou Touré annonce la création d’un franc guinéen et le retrait de la Guinée de la zone Franc.
Au début de 1961, nouvelle éclaircie dans les relations franco-guinéennes. En mars, la France désigne son premier ambassadeur accrédité à Conakry. Une année passe encore et le dégel des relations franco-guinéennes se laisse toujours attendre. La fin heureuse de la guerre d’Algérie donne au président Sékou Touré une nouvelle occasion pour tenter de se rapprocher de Paris. Le 19 mars 1962, il félicite publiquement le gouvernement français pour le succès des négociations d’Évian. Peine perdue, l’Élysée fait la sourde oreille. Conakry annonce bientôt l’envoi d’une délégation de trois ministres guinéens à Paris. Le général de Gaulle refusera de la recevoir.
La presse française s’interroge sur les raisons du froid persistant entre Paris et Conakry, alors que la paix s’étend en terre algérienne. Le "Bulletin de l’étranger" du quotidien Le Monde constate que « les rancunes entre Français et Guinéens prennent une allure passablement anachronique ».
Est-ce une simple coïncidence si la première délégation d’experts de la direction des Affaires économiques du quai d’Orsay part pour Conakry le 15 décembre 1962, c’est-à-dire une quinzaine de jours après le retour à Abidjan du président Houphouët-Boigny, à l’issue d’une tournée de trois

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