américaine
forcer la main au gouvernement des États-Unis. Il faut donc augmenter la pression.
Le président Houphouët-Boigny me reçoit à nouveau, dans le petit salon du premier étage de sa villa, le 21 mai. Il a déjà lu mon compte rendu, et veut en discuter, poser des questions, jauger personnellement la situation. Il est visiblement troublé mais il ne peut apparemment pas concevoir l’existence d’un pays où il soit possible, en s’appuyant sur quelques rares parlementaires et journalistes, d’obliger un gouvernement à changer de politique sur un problème donné. Même en France, sous la IVe République, dit-il, ce n’était pas possible. Et en Amérique, le régime est de type présidentiel.
Mais les résultats sont là. La violente réaction de Washington paraît concluante. Il n’y a pas non plus le moindre espoir - le rapport de M. Usher Assouan sur sa mission à Washington est là pour le prouver - du côté officiel. Force est de se rabattre sur la voie non-officielle.
Après 24 heures de réflexion, le président Houphouët-Boigny me reçoit pour la troisième fois en trois jours. D’emblée, il me refait part de son scepticisme quant à l’efficacité de l’action projetée : « Ce serait trop beau si c’était aussi facile. » Mais il faut tenter l’expérience.
De retour à Paris, je maintiens donc une correspondance suivie avec M. Drew Pearson, et lui fournis de nouveaux arguments destinés à alimenter la campagne anti-guinéenne. En même temps, de nombreuses informations parviennent de Washington à propos des pressions exercées, en sens inverse, sur le Département d’État par l’ambassadeur de Guinée, le lobby de la Harvey Aluminium et M. William Attwood [35].
Je repars pour les États-Unis à la veille de la discussion décisive sur la répartition de l’aide américaine. Mon séjour sera de très courte durée.
Le 2 août, selon une information confidentielle parvenue de Washington à Paris, le Sénat aurait finalement accordé 7 000 000 de dollars, au lieu des 36 800 000 demandés par l’administration pour la Guinée.
Incapable de vaincre l’opposition du Congrès, le Département d’État veut au moins prouver sa bonne volonté au président Sékou Touré. Le 28 août, le président Johnson nomme M. McIlvaine, ambassadeur des États-Unis à Conakry, poste resté sans titulaire depuis le départ, près d’une année plus tôt, de M. James I. Loeb. Le 27 octobre 1966,
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