donc pas entendre parler de coopération avec les Asiatiques. Le 11 avril 1960, le président Sékou Touré préside, à Conakry, l’ouverture de la seconde “conférence de solidarité afro-asiatique”.
Neuf jours plus tard, et pour la première fois, le président Sékou Touré accuse la Côte d’Ivoire - et la Fédération du Mali - d’être à l’origine d’un “monstrueux complot” tendant à le renverser. Il mentionne la mise en place de camps militaires le long des frontières de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Abidjan ne réagit toujours pas quand, le 14 mai, l’Agence France- Presse rapporte l’annonce, par Conakry, de la découverte d’un “important lot d’armes et de munitions” à Beyla, à environ une centaine de kilomètres à l’ouest de la frontière ivoiro-guinéenne. En juin, Dakar devra reconnaître publiquement avoir découvert des dépôts d’armes dans deux villages à la frontière sénégalo-guinéenne. Le leader ivoirien fera de même, mais discrètement.
La tension entre Abidjan et Conakry tombe quand les quatre chefs du Conseil de l’Entente proclament, le 3 juin 1960, sur le perron de l’Elysée, leur désir d’accéder à l’indépendance totale et immédiate, sans accord préalable avec la France [5]. Le président Sékou Touré s’empresse d’envoyer un message de soutien et de félicitations portant la signature du “secrétaire général du P.D.G.” (Parti Démocrate de Guinée). M. Houphouët-Boigny, “président du R.D.A.” - dont le P.D.G. est en principe une section -, en répondant avec chaleur, saisira cette main tendue.
Le 1er septembre, et pour la première fois depuis deux ans, les deux leaders se rencontrent à la frontière guinéo-ivoirienne. L’entrevue est amicale mais chacun des protagonistes reste, semble-t-il, sur ses positions.
Les présidents Houphouët-Boigny et Sékou Touré se sont rencontrés, précise le communiqué publié à l’issue de l’entrevue, « non seulement comme des représentants d’États voisins, mais comme deux frères ». Cette notion de fraternité, il convient de le relever, à laquelle le chef de l’État ivoirien se réfère souvent, possède, pour lui, Africain, un double contenu : l’élément fraternel certes, mais aussi et peut-être surtout celui de “préséance” de respect dû à l’âge, à l’aîné.
Néanmoins le président du R.D.A. connaît trop bien son ancien lieutenant. Il sait à quel point il est illusoire de chercher à amadouer

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