Diem, car ce dernier, comme Sékou, avait « rompu avec l’ancien pays colonisateur »...
Une autre initiative du président Houphouët-Boigny vient confirmer ce souci constant de préserver son image de marque. Le samedi 30 avril, un coup de téléphone à Paris me convoque à Abidjan pour le lendemain, 1er mai. A ce moment, le leader ivoirien connaît déjà le texte - le second - qui sera lu le soir, à la radio, par le président Philippe Yacé. Le dimanche matin, dès que je me présente à la villa présidentielle, le chef de l’État ivoirien m’entraîne vers la véranda qui surplombe le port. Et là, pendant deux heures, après m’avoir recommandé « une discrétion absolue », il me dicte de très nombreux arguments axés précisément sur la force de caractère du jeune Félix Houphouët-Boigny, sa conscience de ses responsabilités de chef, ses plantations, sa générosité, les richesses qu’il tient de sa famille, etc. Quand il en a fini, il me dit :
« Mettez tout cela sous la forme d’une lettre mordante à Sékou et faites-la signer par Dechambenoit [29]. Vous en enverrez une photocopie à Dona Fologo [30] pour qu’il la publie. »
Je repars le soir même pour Paris. Je rédige la lettre, la soumets le 4 mai à la signature de M. Paul Dechambenoit. Elle sera postée, le
même jour, en recommandé, à l’adresse du président Sékou Touré. Elle sera publiée par Fraternité-Matin le 11 mai.
Mais la situation semble se détériorer au Sénégal. Le 27 avril, une dépêche A.F.P., datée de Dakar, met en relief l’ampleur de l’hostilité du gouvernement sénégalais au F.L.N.G. ; le ministre de l’Information menace « les citoyens d’origine guinéenne coupables de violer le principe de non-ingérence... de poursuites devant les tribunaux s’ils sont de nationalité sénégalaise et d’expulsion s’ils ne sont pas de nationalité sénégalaise ».
Réuni à Paris le soir même, le secrétariat du comité de coordination du F.L.N.G. analyse longuement la dépêche. Pour les plus optimistes, la cible du président Senghor étant le chef de l’État ivoirien, cette ultime mesure restera lettre morte, et il sera possible d’utiliser le territoire sénégalais. Selon les pessimistes, le président Senghor va essayer, au contraire, d’utiliser
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