manifeste sa pleine confiance au responsable de la politique africaine de l’Élysée, M. Jacques Foccart.
En somme, la tentative du président Sékou Touré de rejeter sur le président de la Côte d’Ivoire la responsabilité de la mésentente entre la France et la Guinée, a laissé Paris de glace. l’Élysée joue à fond la carte ivoirienne. Conakry doit en accepter l’évidence : il n’y a plus rien à faire, avant longtemps, du côté de la France. Cela doit servir aussi à l’édification de M. Modibo Keita.
M. Ben Bella renversé, M. Modibo Keita aux convictions branlantes, M. Kwame N’Krumah avec sa conférence au sommet sabotée, l’isolement du régime guinéen paraît une fois de plus total. Il est temps de lui porter l’estocade. La chose est possible puisque depuis un an, une offensive psychologique sans précédent avait amené l’opinion publique mondiale à sympathiser avec la Côte d’Ivoire [19].
Mais l’isolement de la Guinée sur le plan africain et la mobilisation de l’opinion publique mondiale en faveur de la Côte d’Ivoire n’auraient pu suffire à ébranler la position du président Sékou Touré, n’était la situation interne très difficile de son régime.
La situation économique est mauvaise. La fragilité du franc guinéen développe la contrebande à la frontière avec le Liberia. La pénurie s’étend à de très nombreux produits. L’exode vers les États voisins s’accentue. Le mouvement des étudiants guinéens de France harcèle le gouvernement par une surenchère systématique, prouvant par là qu’aucun régime, qu’il soit de gauche ou de droite, n’a l’heur de plaire au corps estudiantin, du moins en Afrique. À l’intérieur, les commerçants, coiffés il n’y a guère par les Libanais et les Français, le sont dorénavant par l’État, importateur et distributeur.
La classe politique embourgeoisée se trouve sevrée des profits du pouvoir, ou du moins se plaint de ne pas y avoir accès de façon plus libérale.
Ce tableau, peu brillant en soi, se trouve encore terni, au début d’octobre 1965, par deux événements. Tout d’abord, le 6, l’organisation Amnesty International se propose d’élire, comme “prisonnier de l’année” M. Keita Koumandian, emprisonné depuis 1961 à la suite d’un mouvement de protestation des enseignants. Ensuite, le 9, M. Touré Mamadou adresse une lettre au président Sékou Touré, l’informant de son intention de créer un
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