colonisation », représentées par les frontières territoriales matérialisant son morcellement.
Mais quelles que fussent les causes réelles de son attitude, face à M. Sékou Touré se posant en champion de la Fédération, le fondateur du R.D.A. apparaissait comme le “balkanisateur” de cette même Afrique, au nom des intérêts égoïstes de son territoire. De plus, sa lutte pour le “oui” au référendum permettait, accessoirement, à M. Sékou Touré, de jeter l’anathème contre « ceux qui préfèrent le pain beurré dans l’enceinte de la prison au plat de manioc cultivé par eux-mêmes » [2].
Le ressentiment de M. Houphouët-Boigny envers son ancien lieutenant est d’autant plus grand, que “Sékou” avait été son préféré. Ce mélange d’amour-propre blessé, de contradiction d’intérêts et de conception, de sentiments déçus et d’options politiques sabotées, explique l’attitude initiale de M. Houphouët-Boigny.
Dans une première phase, il voudra punir “Sékou”, l’isoler en approfondissant le fossé entre Paris et Conakry. Il ne cherche pas à dissimuler cet objectif.
« On laisse entendre, dit-il, qu’à Paris de puissants intérêts font pression pour une politique de faiblesse, de concessions à l’égard de la Guinée. Je n’ose y croire. Si cette politique triomphait, si la France donnait une préférence à ceux qui ont fait sécession contre ceux qui ont choisi la Communauté, alors la sécession ferait tâche d’huile. »
Ce sera le drame de Paris : on ne sait quel parti prendre. Faut-il normaliser les relations de la France avec la Guinée et démontrer ainsi la sincérité de l’alternative offerte aux territoires africains lors du référendum ? N’est-ce pas là d’ailleurs le meilleur moyen pour la France de préserver ses intérêts face à l’activisme de Washington, de Londres et de Moscou ? Ou bien faut-il tenter de sauver une Communauté si mal partie ?
Paris semble opter pour la seconde voie. En effet, en réponse à une nouvelle lettre du président Sékou Touré demandant la reconnaissance de jure de la Guinée et la conclusion d’un accord de coopération, le général de Gaulle répond, en octobre 1958, qu’avant d’en arriver là, il lui faudra, entre autres, consulter les organes de la Communauté quand ils seront mis en place. La France refusera également de parrainer la candidature de la Guinée à l’O.N.U., et son délégué s’abstiendra, quand le Conseil de sécurité, unanime, recommandera