exempt de toute lutte idéologique. A une exception près, celle de la crise provoquée par son premier président. Celui-ci, un Sénégalais, reconduit dans ses fonctions à l’issue du congrès des 3 et 4 juillet 1968, prend un peu trop ouvertement position contre M. Senghor. Commentant les troubles à l’université de Dakar, il formule le souhait de sa prochaine réouverture et regrette « les expulsions et les arrestations d’étudiants dont les revendications sont justifiées... ». Il adopte ensuite une position favorable aux vues du président Houphouët-Boigny en préconisant un examen de la question du Biafra dans le cadre de l’O.C.A.M.
Le 7 novembre 1968, le bureau politique de l’Union progressiste sénégalaise exclut le président du M.E.O.C.A.M. en l’accusant de s’être « affranchi de la tutelle de son organisme de base pour mener des activités contraires à l’intérêt du parti et du Sénégal ».
Tous les autres différends du M.E.O.C.A.M. auront pour origine des problémes de répartition, entre les dirigeants, des ressources financières disponibles.
Ainsi, six mois après le retrait du président sénégalais, deux comités exécutifs se disputent le pouvoir. Selon l’Agence France-Presse, « il semble bien que la dissidence n’ait pas eu pour origine des raisons idéologiques, mais des rivalités de personnes et des mésententes sur des questions de gestion financière ».
La situation est telle, qu’à la conférence de Yaoundé, en janvier 1970, les chefs d’Etat de l’O.C.A.M. font comparaître devant eux les représentants du M.E.O.C.A.M. auxquels on reproche d’avoir dilapidé de façon scandaleuse
[59] les fonds mis à leur disposition. L’organisation n’en est pas dissoute pour autant.
Une année plus tard, elle est, de nouveau, en crise. Pour incapacité de donner une orientation saine au Mouvement et aussi très mauvaise gestion de fonds [60], le président du Mouvement des étudiants de l’Organisation commune africaine et malgache est renversé le 28 février 1971. Et ainsi de suite.
L’énorme soutien financier, moral et politique accordé par le président Houphouët-Boigny au M.E.O.C.A.M. a-t-il été payant pour lui ? Certes les grèves estudiantines n’ont pas cessé à Abidjan. Mais à force d’apports financiers et de méthodes apparemment peu orthodoxes, le président Houphouët-Boigny