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La manipulation des États francophones - Ouvrages - La politique africaine d'Houphouët-Boigny - Fonds d'archives Baulin

1972, ce projet - comme celui du chemin de fer Cotonou-Niamey - n’avait pu être matérialisé.
La paralysie effective du Fonds est regrettable. Une vue moins étriquée de la solidarité, une gestion plus dynamique, un désir réel de promouvoir des projets dans les quatre pays bénéficiaires, auraient permis le lancement de réalisations vraiment utiles aux économies voltaïque, nigérienne, togolaise et dahoméenne. Et surtout, une telle politique aurait comblé le voeu émis par le président Houphouët-Boigny, dans son message du Nouvel An 1967 :
« La Côte d’Ivoire, affirmait-il, pays de la fraternité, ne souhaite pas être, et ne peut pas être une oasis de prospérité, de sécurité et de stabilité au milieu d’un désert de misère et d’anarchie ».
Mais au-delà de cette absence de solidarité, c’est la reconnaissance du Biafra par la Côte d’Ivoire, en mai 1968, en dépit de l’hostilité de tous ses partenaires, qui viendra donner le coup de grâce à cet organisme déjà moribond.
Parallèlement, les relations entre la Côte d’Ivoire et chacun de ses quatre partenaires iront en se dégradant. Le leadership du président Houphouët-Boigny sera contesté de plus en plus.
Ainsi, les relations ivoiro-voltaïques sont particulièrement tendues depuis l’élimination de M. Yaméogo de la scène politique de son pays. Le 9 juin 1966, le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, son successeur, se trouve à Abidjan pour la convention relative à la création du Fonds d’entraide et de garantie. Il reçoit un télégramme du comité intersyndical de Haute-Volta protestant « énergiquement contre la façon humiliante dont vous êtes reçu en Côte d’Ivoire ». En effet, pour la troisième fois depuis son accession au pouvoir, le président ivoirien ne s’était pas dérangé pour le recevoir à l’aéroport.
Selon les Voltaïques, le leader ivoirien bat froid leur président par sympathie pour M. Maurice Yaméogo. A son départ d’Abidjan, le 10 juin, le lieutenant-colonel Lamizana sera raccompagné par le président Houphouët-Boigny « jusqu’à l’intérieur de l’avion » [45].
La tension ne cessera de monter à partir du début du second semestre 1967. En août, 235 dockers voltaïques sont expulsés de Côte d’Ivoire
pour faits de grève. Information plus grave, le 11 septembre 1967, on annonce la confirmation, par le général Lamizana, de la découverte d’un complot dans lequel sont impliqués le fils de l’ex-président Maurice Yaméogo et

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