/>Son trop grand attachement pour le président ivoirien et son rôle peu reluisant dans le différend ivoiro-guinéen [34] peuvent être considérés comme des causes immédiates de sa déchéance [35]. Fait notable, l’une des actions de la foule des manifestants en révolte, fut d’arracher la plaque portant le nom d’Houphouët-Boigny sur la grandiose Maison du Parti, rebaptisée depuis « Maison du Peuple ».
Convaincu en effet de la pérennité de son pouvoir, M. Yaméogo refusait d’attacher une importance quelconque aux échos défavorables soulevés dans les couches conscientes de la population voltaïque, par ses prises de position qualifiées de « bruyantes », pour toutes les thèses de la politique étrangère ivoirienne.
En Haute-Volta, on lui tenait rigueur surtout de ses trop nombreux déplacements en Côte d’Ivoire. Effectivement, une étude du quotidien abidjanais Fraternité-Matin le montre clairement, durant l’année 1965, il séjourna - sauf erreurs ou omissions - près de dix semaines en Côte d’Ivoire.
A ces 20 % de l’année passés en Côte d’Ivoire, il convient au demeurant d’ajouter douze semaines d’absence de Haute-Volta, pour assister à différentes conférences et festivités.
Cela fait un total de 22 semaines environ - soit 40% de l’année - à l’extérieur du pays. Il est difficile de gouverner dans ces conditions, et particulièrement en régime de type présidentiel.
Le 31 décembre 1965, rentrant d’Abidjan où avait été proclamée officiellement l’adoption de la double nationalité, initiative pourtant favorable, sur le plan strictement social, aux travailleurs voltaïques, le président Yaméogo fait face à des manifestations tumultueuses organisées par les syndicats.
Le 2 janvier, le chef de l’État voltaïque décrète l’état d’urgence et l’explique à la radio par l’existence d’une subversion d’inspiration communiste.
Les manifestants, eux, brandissent des pancartes demandant à l’armée de prendre le pouvoir. Grèves et manifestations se poursuivent en dépit de leur interdiction. Le 4 janvier au matin, l’armée prend officiellement le pouvoir. Selon une dépêche U.P.I. en provenance de Washington, pour les milieux officiels, le coup d’État n’est dû « ni à des