du Tchad. Dans l’opposition à ce groupe de huit États-membres, sur quatorze et treize présents - le délégué du Ruanda est absent - on trouve M. Ould Daddah, le représentant du Congo-Brazzaville, le chef d’État du Cameroun et bien entendu le président Senghor.
La partie est bien perdue d’avance pour les partisans du maintien de l’U.A.M.C.E. Dans son discours d’ouverture, M. Ould Daddah fait bravement face. En août 1963, à Cotonou, rappelle-t-il, la conférence, unanime, avait retenu le principe de la transformation de l’U.A.M. Il demande à ses partenaires de « concilier deux impératifs qui pourraient apparaître contradictoires : ne rien entreprendre qui puisse porter une atteinte quelconque à l’O.U.A... [et] aussi préserver la vitalité de nos liens si nombreux et si étroits... Mais... en aucune manière, ajoute-t-il, ils ne pourront être exclusifs et conduire à la formation d’un groupement isolé qui prendrait vite l’allure d’un club d’amis ou même, d’un syndicat de chefs d’Etat »... « Mieux unis au sein de l’O.U.A., conclut-il, nous planifierons mieux nos besoins et nos moyens, nous affirmerons notre personnalité africaine. »
La situation est extrêmement tendue. Au point d’amener M. Senghor à passer outre à la circonspection traditionnelle des chefs d’État africains, pour déclarer aux journalistes : « Nous essayons de trouver un compromis pour sauver l’organisation. »
Il n’y aura pas de compromis. Sauf sur le plan de la terminologie. Car le leader ivoirien, se sachant appuyé par l’Élysée [31], n’est pas prêt à faire des concessions : le président Senghor doit capituler.
Et c’est à ce dernier, héraut de l’U.A.M.C.E., qu’échoira « l’honneur » de lire, le vendredi 12 février, le communiqué final annonçant sa capitulation en rase campagne, c’est-à-dire la décision de créer l’Organisation commune africaine et malgache (O.C.A.M.) à caractère politique prioritaire, de soutenir le gouvernement légal au Congo, et de condamner l’action subversive du Ghana. A sa sortie de la salle des séances, le chef d’État sénégalais se déclare quand même satisfait !
Mais si la satisfaction de M. Senghor peut paraître, pour le moins, étonnante, par contre, celle de M. Houphouët-Boigny est, sans conteste, fondée : « Jamais conférence africaine, dit-il, ne fut plus positive et plus fructueuse. » On parle de la « nouvelle