s’attendent à la signature de la Charte de l’U.A.M.C.E. à la réunion suivante, fixée pour le mois d’avril à Nouakchott.
Les événements démentiront cette prévision optimiste.
Le 28 avril 1964, dix ministres des Affaires étrangères sont effectivement réunis à Nouakchott pour signer la charte de l’U.A.M.C.E. Les représentants de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la Haute-Volta et de la République Centrafricaine sont absents, sans pour autant avoir « rendu publiques les raisons de leur attitude ». M. Ould Daddah, président en exercice de l’organisation, dans son discours d’ouverture, se dit quand même « convaincu que ceux de nos États-frères qui n’ont pu se faire représenter aujourd’hui auront bientôt rejoint nos rangs ».
Le poids spécifique des absents - et surtout celui de la Côte d’Ivoire - pousse certains à préconiser le simple paraphe de la charte et non sa signature officielle, afin de « ménager le ralliement futur » des quatre États
[21]. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères considère le texte paraphé comme adopté.
Le communiqué final emploie effectivement des termes à caractère irréversible : une « unanimité étant réalisée sur un texte définitif..., écrivent ses auteurs, les institutions et organes de l’U.A.M.C.E. seront mis en place immédiatement ».
Pour sa part, la Côte d’Ivoire officielle ignore, avec hauteur, la conférence de Nouakchott : le seul hebdomadaire du pays n’y fait pas la moindre allusion dans les semaines précédant sa réunion, ni d’ailleurs dans les mois qui suivent. Le boycottage ivoirien fera de l’U.A.M.C.E. jusqu’à sa mise à mort, dix mois plus tard, une simple fiction juridique. Ce comportement constitue une illustration particulièrement frappante de l’attitude du président Houphouët-Boigny face aux organisations qui ne peuvent être utilisées comme instruments : l’U.A.M.C.E. ne lui convenant pas, et fort également de l’appui français, il use de son droit régalien pour s’abstenir de participer, bloquant par là l’ensemble du mécanisme.
Cette attitude peu coopérative mise à part, quelle est la raison de l’hostilité du président ivoirien à l’U.A.M.C.E. ? Certes, sa conviction profonde de la nécessité d’une organisation politique et du caractère utopique des possibilités de coopération
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