d’environ vingt mille Dahoméens et Togolais. Après avoir décidé d’adhérer à la fédération du Mali, en décembre 1958, le Dahomey renverse donc sa position « sous la pression conjuguée de la France et de la Côte d’Ivoire ».
Les dirigeants du Mali accusent le coup. M. Modibo Keita attaque son collègue ivoirien : « M. Félix Houphouët-Boigny, dit-il, demeure fidèle à lui-même. Il a toujours été pour la division de l’Afrique. Et s’il mobilise tant de moyens, cela entre dans le cadre de son action anti-africaine » [6].
Le président Houphouët-Boigny, partant de ces accords bilatéraux, crée un organisme multilatéral plus cohérent. Ce sera le Conseil de l’Entente. Il peut donc revendiquer, à juste titre, la paternité de l’idée de regroupement des États africains d’expression française. Mais pour lui, il s’agit d’un pis-aller et non d’une solution de rechange à son concept de fédération franco-africaine.
Le communiqué final créant le « Conseil de l’Entente Africaine » [7] est publié le 29 mai 1959 à Abidjan. Les quatre chefs de gouvernement y affirment, avant toute chose, leur confiance « inébranlable dans les destinées de la Communauté qu’ils cherchent et chercheront à rendre durable ». Ceci posé nettement, ils expriment « leur entière confiance au général de Gaulle » et leur refus de « toute super-structure politique et administrative, source de dépenses inutiles et de discorde ». Ce communiqué - il ne s’agit pas d’un accord au sens propre du terme - annonce également la création d’un « Fonds de solidarité ».
Qu’apporte le Conseil de l’Entente aux trois partenaires de la Côte d’Ivoire ?
Tout d’abord, MM. Hamani Diori et Maurice Yaméogo sont de vieux compagnons d’armes de M. Houphouët-Boigny au sein du R.D.A. D’autre part, ces deux dirigeants, comme M. Hubert Maga, cherchent à renforcer leur position sur le plan intérieur. Ainsi, en Haute-Volta, M. Yaméogo a pris, depuis peu, la succession de M. Ouezzin Coulibaly, grande figure du R.D.A. Pourvu d’assises forcément peu solides, il y fait face, de plus, à une opposition dynamique. Il