trop lourd, susceptible donc d’entraver ses desseins planétaires. Et par-dessus tout, l’hostilité du général de Gaulle à la thèse ivoirienne s’explique par le fait que « la République française, État indépendant, n’était nullement prête à abdiquer les attributs de sa propre souveraineté au profit d’un super-État de type fédéral » [4].
Pour Le Monde, « la Côte d’Ivoire se trouve isolée et... sa position au sein de l’Ouest africain ... affaiblie d’autant ». La thèse de la fédération franco-africaine trouve effectivement peu de partisans.
Pour avoir une chance de faire prévaloir quand même son point de vue, et neutraliser la coalition qui utilise Dakar comme base et tremplin, M. Houphouët-Boigny doit sortir de son isolement, total à l’époque. Il doit donc trouver des alliés. M. Sékou Touré, du R.D.A. guinéen, et Modibo Keita, du R.D.A. soudanais, ont abandonné leur ancien chef ; le premier a répondu « non » au référendum du 28 septembre 1958 concernant la Communauté, tandis que le second se pose en champion de la fédération primaire, et s’associe au leader sénégalais pour créer la Fédération du Mali.
Mais le leader ivoirien n’est pas sans recours. En Haute-Volta par exemple, dans la bataille pour l’adoption de la Constitution, « tel leader politique hostile à la fédération (primaire), paraît disposer de moyens matériels importants - venus dit-on de Côte d’Ivoire - pour faire sa propagande politique » [5]. Le 4 avril 1959, M. Maurice Yaméogo, leader du R.D.A. voltaïque et président du Conseil de la Haute-Volta, signe avec M. Auguste Denise, président du Conseil de la République de Côte d’Ivoire, un protocole d’accord d’essence économique. Un accord ivoiro-nigérien similaire sera signé trois jours plus tard. Le 30 avril, dans son discours devant l’Assemblée législative ivoirienne, M. Houphouët-Boigny, devenu Premier ministre, présente ces deux textes comme la manifestation d’une coopération confiante.
Bientôt, les dirigeants dahoméens seront amenés, eux aussi, à changer d’attitude en dépit de leur ressentiment envers les Ivoiriens, responsables de la chasse aux étrangers organisée du 24 au 26 octobre 1958 par la « Ligue des originaires de Côte d’Ivoire », et qui s’était traduite par le rapatriement