La guerre d’Algérie avait convaincu le général de Gaulle, arrivé au pouvoir en mai 1958, de l’inanité de la Loi-Cadre du 23 juin 1956. « En prenant la direction de la France », écrit-il, « j’étais résolu à la dégager des astreintes, désormais sans contrepartie, que lui imposait son Empire » [1]. Donc, « les nouveaux rapports à établir entre la métropole et les territoires d’outre-mer vont être l’un des principaux problèmes constitutionnels posés au gouvernement » français [2].
Dans le groupe de travail, créé pour préparer l’avant-projet de la nouvelle Constitution, figure un Africain, M. Félix Houphouët-Boigny. Cet avant-projet, approuvé par le conseil des ministres et rendu public le 29 juillet 1958, donne aux territoires d’outre-mer le choix entre le statu quo, la départementalisation, ou une association de type fédéral avec la France. Le président du R.D.A. est un partisan chaleureux de la dernière des trois solutions. Il en a toutefois une conception assez originale.
L’organisation concurrente, le « Parti du regroupement africain » (P.R.A.) propose « l’indépendance immédiate et la négociation avec la France d’une confédération multinationale rassemblant d’une part la France et de l’autre une fédération formée par toutes les anciennes colonies ».
Le président Houphouët-Boigny, lui, ne veut pas entendre parler de fédération interafricaine, dite « primaire ». Son opposition, précise-t-il, ne découle pas des considérations d’ordre économique, car « ce serait mesquin » [3]. En fait, c’est là, sans conteste, la raison principale de son refus de la fédération africaine et de son combat pour une fédération franco-africaine composée de la France et de chacun des territoires africains francophones.
Mais apparemment, le général de Gaulle rejette la solution préconisée par M. Houphouët-Boigny. Elle représenterait un fardeau financier