à repartir sans avoir même pris contact. Vingt-quatre heures auparavant, le 15 décembre, les délégués biafrais, en route pour Addis-Abéba, avaient fait une escale de deux heures quarante-cinq dans la capitale ivoirienne et « ont vraisemblablement été reçus par le chef d’État ivoirien » [78]. Ils se montreront intraitables dans la capitale éthiopienne.
Neuf jours avant la fuite du général Ojukwu, l’état d’intoxication ou d’auto-intoxication du président Houphouët-Boigny le pousse à se féliciter, dans son message de Nouvel An à la nation [79], de la prise de conscience du fait biafrais par de nombreux pays.
Le jeudi 8 janvier 1970, M. Ojukwu quitte le Biafra. Le 9 janvier à 23 heures, le « Mystère 20 » du président Houphouët-Boigny l’amène de Libreville, sans doute à Abidjan. A ce moment, le président ivoirien est déjà à Yaoundé, avec le président Bongo du Gabon, pour y assister à la fête nationale du Cameroun.
« Dans la mesure où il existe une volonté de se libérer, le problème continuera à se poser » [80], déclare M. Usher Assouan, qui se trouve aussi à Yaoundé. Le lendemain, le général Effiong, successeur du leader biafrais, demande la cessation des combats, et condamne « les éléments de l’ancien régime qui ont rendu impossible les négociations et la réconciliation » [81].
Cela n’empêche pas le président Albert Bongo de manifester toujours un optimisme à toute épreuve : « Au Biafra, dit-il, ce n’est pas la fin… Rien ne dit que la guerre est terminé, c’est peut-être simplement une phase difficile » [82].
Le lendemain 13, à Libreville, le président gabonais donne une conférence de presse que l’envoyé spécial de l’A.F.P. rapporte dans les termes que voici :
« Le président Bongo a déclaré que, en dépit de l’effondrement de la résistance militaire organisée, “le Biafra existe encore” et qu’il
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