Biafra sont interrompues. Entre cette date et le 1er avril suivant, il y aura, en tout et pour tout, trois giclées de 6 à 7 tonnes chacune [62]. Un bateau des Chargeurs Réunis, transportant armes et munitions, arrivé à Libreville, ne sera pas déchargé 15 jours durant. C’est une atmosphère de fin de guerre à Libreville.
Dans une dépêche datée du 4 avril, et expédiée de Libreville, M. Thierry Desjardins, envoyé spécial du Figaro, écrit :
« Les Biafrais sont au bout du rouleau, les armes se mettent par trop à leur manquer... Depuis des mois, le Biafra recevait par nuit claire 50 tonnes d’armes... Depuis trois semaines, les décollages ont pratiquement cessé... On cache à peine au Biafra, actuellement, une certaine rancœur à l’égard de Paris... Quand j’ai quitté Libreville pour Umuahia, l’autre nuit, beaucoup de gens m’ont dit : “Vous allez assister à la fin de la guerre du Biafra.” Si demain, après-demain, le miracle d’une arrivée d’armes n’a pas lieu, ils auront peut-être raison. »
La presse anglaise n’est pas tenue à autant de ménagements et de sous-entendus. Selon West Africa, de Londres, « il est clair que, durant trois semaines, au mois de mars, le président de Gaulle avait effectivement ordonné d’arrêter les fournitures d’armes... Il semblerait que M. Foccart ... s’y soit opposé ainsi que le président Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire... »
[63].
Effectivement, tout semble terminé. Le responsable du S.D.E.C.E.
c’est le directeur du Transgabon - reste invisible. Les gens informés,
tels que le colonel Merle - conseiller militaire de l’ambassade de France et aussi responsable au Gabon de la Croix Rouge Française - paraissent se désintéresser de la situation. M. Delauney, ambassadeur de France à Libreville, dit à un journaliste :
« J’ai l’impression d’être un salaud, d’avoir encouragé les gens à se battre et maintenant de les abandonner. »
Le 28 mars, le président Houphouët-Boigny arrive à Paris. Le 5 avril, les livraisons françaises d’armes et de munitions reprennent leur rythme d’antan [<a href=’#nb64’