a rarement sous-estimé les effets mobilisateurs de la propagande. Il en avait donné preuve - au lendemain des complots de Côte d’Ivoire qui avaient porté un coup dur à son prestige en Europe et aux États-Unis - en invitant, en treize mois, 51 journalistes de 16 nationalités différentes, à visiter son pays. Les résultats de l’action psychologique contre la Guinée, surtout à Washington, s’étaient avérés encore plus édifiants.
Le colonel Ojukwu remportera ses plus belles victoires dans ce domaine. La propagande pro-biafraise, en réussissant à sensibiliser l’opinion publique mondiale, jouera, elle aussi, un rôle de tout premier plan dans la prolongation de la lutte armée. Le leader biafrais croira, jusqu’à l’écroulement, que cette pression de l’opinion publique amènera tôt ou tard plusieurs gouvernements à reconnaître la souveraineté du Biafra, donc à internationaliser la guerre civile.
Ce n’est donc pas un hasard, si dans son Message à la nation, à l’occasion du 8e anniversaire de l’indépendance, le président Houphouët-Boigny fait part de sa volonté de « continuer à éveiller la conscience universelle » [38]. Effectivement, face à un gouvernement fédéral sous-estimant à l’évidence l’impact de l’action psychologique, le Biafra remportera sur ce terrain des succès sans précédent.
Les journalistes sur place ne cachent pas leur véritable admiration pour la propagande biafraise. Ainsi, pour M. Jean Wolf, « le coup de génie de sa propagande, merveilleusement orchestrée... a été d’apitoyer le monde entier en clamant qu’il luttait pour la survivance du peuple Ibo... Il est aujourd’hui démontré qu’au total, le colonel Ojukwu a dépensé autant d’argent sinon plus pour ébranler l’opinion internationale que pour acheter des armes et des munitions » [39].
En ce qui concerne la France, M. Raph Uwechue, alors délégué du Biafra à Paris, parle de « conquête de l’opinion publique » française.
Cette action psychologique fut menée, de main de maître, par la société Markpress [40]. Les « actions de presse » de cette agence de publicité entre le 2 février 1968 et le 30 juin 1969, groupées dans une « édition

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