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politique africaine de M. Houphouët-Boigny sont, nous l’avons déjà relevé, la neutralisation du régime ghanéen en particulier et du groupe des États se réclamant du socialisme en général, la mise en échec de l’idée d’unité africaine qui a tant d’impact sur les intellectuels du continent, l’isolement de la Guinée, et la création d’un groupe d’États africains francophones comme levier du leadership ivoirien. Ce dernier sujet mis à part, les vues de Lagos et d’Abidjan concordent. Elles sont aussi similaires quant à la solution du problème du Congo-Léopoldville ou à la nécessité de créer une organisation multilingue modérée face aux révolutionnaires.
Fait caractéristique, les relations entre Abidjan et Lagos ne seront guère altérées, après la rupture, le 5 janvier 1961, des relations diplomatiques entre la France et le Nigeria, à l’initiative de ce dernier, et comme conséquence de l’explosion de la première bombe atomique française à Reggane [2]. Le président Houphouët-Boigny en est conscient, le Nigeria se devait de prendre en considération la surenchère du Ghana. Il rend publiquement hommage alors au Nigeria, à ses « chefs sages et réalistes... ».
Il y a certes quelques accrocs. Par exemple, la visite de M. Abubakar Tafawa Balewa en Guinée, à la fin de 1961, au moment même où M. Houphouët-Boigny essaie d’isoler M. Sékou Touré. Toutefois, le communiqué conjoint publié à l’issue de la visite de l’homme d’État nigérian montrera le succès des thèses modérées.
Autre exemple, la proposition faite à Lagos, en février 1962, par M. Sylvanus Olympio, président de la République du Togo, de « jeter les bases d’une unité régionale entre le Togo, le Dahomey et la Nigeria » ne pouvait plaire au président Houphouët-Boigny. Même en expliquant l’initiative du leader togolais par la crainte du Ghana, il lui était difficile d’admettre le passage d’un membre du Conseil de l’Entente - le Dahomey - sous influence nigériane.
En homme d’État réaliste, il suit de près l’évolution de la situation au Nigeria. A part ses sources d’information propres, il sera secondé dans cette tâche, à partir de mai 1963, par le lieutenant-colonel Bichelot, détaché au Cabinet présidentiel par le S.D.E.C.E. de Paris, avec le titre anodin de chef du « Bureau de Liaison » [<a href=’#nb3’ class=’spip_note’ rel=’appendix’ title=’Fraternité-Matin du 28