dira l’un des présents, ont gardé un silence prudent, quelques-uns ont fait part de leur opposition à la reconnaissance du Biafra, mais aucun ne s’y est montré favorable. » Le ministre, toujours selon ce témoin, conclut la réunion en disant à ses subordonnés :« Messieurs, le Conseil national est un organisme démocratique, vous pourrez y exprimer librement vos opinions ».
Le millier de cadres réunis au palais présidentiel sont censés débattre du problème biafrais et définir la position de la Côte d’Ivoire sur la reconnaissance du Biafra. Contrairement à ce qui s’était passé, deux ans auparavant, lors de l’analyse du projet de double nationalité [26], cette élite ivoirienne ne se sent pas concernée par ce problème de politique étrangère. Selon l’un des présents, seul M. Birama Touré, directeur de la coopération internationale au ministère des Affaires étrangéres, s’avancera pour tenter d’exposer son point de vue. Le président Houphouët-Boigny ne le laissera pas poursuivre et le renverra à sa place en relevant qu’il est trop « jeune ».
La séance, commencée à 16h45, prend fin à 19 heures, par l’annonce à la presse de la reconnaissance du Biafra comme État souverain. Le lendemain, Lagos décide de rompre ses relations avec la Côte d’Ivoire.
Mais ce qui illustre le mieux, à notre avis, le contenu strictement politique de la prise de position ivoirienne, et toute l’importance que le président Houphouët-Boigny attache à la partition du Nigeria, c’est sa volonté de passer outre aux objections de ses collègues africains les plus proches. Jusque-là, même dans le différend ivoiro-guinéen, ses amis du Conseil de l’Entente n’avaient osé le désavouer publiquement. Dans l’affaire du Biafra le leader ivoirien se retrouvera, en pleine connaissance de cause [27], avec le président Bongo comme seul allié en Afrique Francophone. Pourquoi celui-ci se singularise-t-il ainsi ?
A ce moment, il convient de le rappeler, M. Bongo est en position de faiblesse à l’intérieur même de son pays. Il a accédé au pouvoir cinq mois auparavant. Il a donc besoin du double soutien du secrétaire général aux Affaires africaines et malgaches de l’Elysée et du président Houphouët-Boigny.
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