d’État africains “Révolutionnaires” ... Recevoir un tel leader en Côte d’Ivoire eut été impensable aux yeux de nombre d’observateurs il y a quelque temps seulement... »
Le président ivoirien parle, personnellement, pour la toute première fois, du « drame affreux », mais dans le cadre « des problèmes du Nigeria » [19], à sa sortie de l’Elysée, le 30 mars 1968. Cette entrevue entre les chefs d’État français et ivoirien sera pourtant décisive : le processus de soutien accentué, au grand jour, du Biafra, est en marche.
Il convient d’ouvrir ici une parenthèse à propos d’une controverse : qui, de de Gaulle ou d’Houphouët-Boigny, a convaincu l’autre de soutenir le Biafra ? D’aucuns croient en effet, en se basant précisément sur le mutisme du président ivoirien, à une initiative de l’Elysée. Rien de plus faux.
Que l’on nous permette d’abord de recourir à un témoignage personnel. Le dimanche 31 mars 1968, le président Houphouët-Boigny me dira : « Le général de Gaulle est réellement un grand ami de l’Afrique. Il nous comprend. Il soutiendra à fond le Biafra. »
Certes, cette prise de position peut paraître quelque peu sibylline. Elle se trouve confirmée pourtant par différentes sources. La plus importante est M. Raph Uwechue. « Chargé d’Affaires du Nigeria à Paris depuis 1966, écrit-il, ... j’ai également suivi les événements en qualité de représentant du Biafra jusqu’à ma démission. ... On a laissé entendre que c’est la France qui a poussé des pays africains francophones comme la Côte d’Ivoire et le Gabon à agir. Ce n’est pas exact, affirme-t-il, c’est même le contraire qui s’est produit... [Le] président Houphouët-Boigny, qui jouit en France d’un grand respect, a littéralement contraint le gouvernement français à adopter une position plus ferme et plus positive, alignée sur l’attitude et la position de l’homme d’État africain » [20].
« Contraindre » le général de Gaulle ë aligner » sa position sur celle d’un chef d’État étranger, surtout en politique
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