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La hantise de l'unité nigériane - Ouvrages - La politique africaine d'Houphouët-Boigny - Fonds d'archives Baulin
La politique africaine d’Houphouët-Boigny
La hantise de l’unité nigériane

Le président Houphouët-Boigny n’a jamais cru à la solidité, à la pérennité de la Fédération nigériane. La doctrine qui fut de tout temps la sienne, il l’a exposée, très brièvement, à M. Serge Bromberger, après le premier coup d’État de janvier 1966.
« ... Certains se sont étonnés, lui disait-il, des événements en Nigeria. Les Anglo-saxons, qui voient rouge lorsqu’il est question de parti unique, ne cessaient de s’émerveiller devant ce pays. J’ai toujours su que c’était un colosse aux pieds d’argile. Il subissait la loi commune du tribalisme et de l’absence d’unité nationale. Il était fatal que le pluralisme des partis nourrisse cette faiblesse. »

Convergences politiques et crainte géopolitique


Il a toujours considéré qu’une démocratie de type occidental ne convenait - et ne convient - guère aux pays africains sub-sahariens. Selon lui, l’objectif de ces États doit être la création des bases de la nation, par une osmose progressive des tribus groupées à l’intérieur des frontières léguées par les colonisateurs. Pour lui, dans la phase pré-nationale actuelle de ces États africains, l’existence de partis multiples se traduirait par un renforcement du fait tribal, au détriment de la lutte pour l’unité nationale qui doit rester le but stratégique fondamental. A son avis, au stade pré-national, les partis ne représentent aucunement des couches sociales différentes, mais se comportent en porte-parole des ethnies rassemblées aux hasards de la colonisation, au sein de frontières fantaisistes. D’où, toujours selon le président Houphouët-Boigny, la nécessité du parti unique « expression de la volonté d’unité nationale ». D’où, également, son scepticisme, dès la première heure, sur les chances de survie du géant fédéral africain.
Mais d’autres paramètres, plus subjectifs, intervenaient dans l’appréciation, par le leader ivoirien, de la situation.
Géopoliticien averti, l’énorme fédération suscitait aussi - et sans doute continue de susciter - sa crainte de la voir devenir, en cas de survie, un pôle d’attraction irrésistible. Déjà au départ, selon certains
observateurs, les territoires voisins de la Nigeria [1] « qui se trouvent être tous

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