pleine et entière du gouvernement militaire provisoire du Nigeria. Ensuite, par la critique publique de l’action politique de feu Sir Tafawa Balewa, Premier ministre du Nigeria fédéral. Dans un message à la nation, il déclare en effet à son sujet :
« Il est mort, victime de forces qu’il ne comprenait pas et en martyr d’un système néo-colonialiste dont il était une simple figure de proue... Il est tombé dans une lutte dont il ne comprit jamais la nature, essayant vaillamment de maîtriser une situation hors de sa portée, de sa capacité... »
La perte de deux alliés au moment où il se trouve engagé dans une lutte sur deux fronts - contre le Ghana et la Guinée - est durement ressentie par le président Houphouët-Boigny. La presse française, elle non plus, ne le ménage pas. Le plus prestigieux de ses organes ne vient-il pas de publier un article de M. Jean Lacouture, créditant le Dr N’Krumah d’avoir apporté la « fierté » à son peuple, d’avoir mis fin à l’« humiliation », d’avoir guéri « ce peuple noir des vieux complexes de la servitude » [27].
Pourtant la situation se détériore rapidement au Ghana. Les journaux rapportent de très nombreux cas de corruption. La crise financière amène le gouvernement à indisposer ses propres députés, en arrêtant le financement de la construction de leurs résidences.
Dans l’armée également, le malaise est visible. Le Dr N’Krumah la tient en suspicion depuis le coup d’État du colonel Boumédienne, le premier en Afrique à avoir abouti au renversement d’un régime progressiste, celui de M. Ahmed Ben Bella.
Le jeudi 24 février, à 5 h 25, le commandant Akwasi Afrifa, du 2e régiment d’infanterie, occupe, à la tête d’un peloton, la station de radiodiffusion. Au micro de Radio-Accra il demande à ses compatriotes de rester à l’écoute pour une importante nouvelle. À 6 heures précises, le colonel Kotoka annonce la prise du pouvoir par l’armée, en coopération avec la police ghanéenne et la fin du régime de M. N’Krumah. Ce dernier apprendra sa chute à son arrivée à Pékin, en route pour Hanoï, dans le cadre de sa mission pour la recherche de la paix au Vietnam...
Ici se pose une question : le président Houphouët-Boigny a t-il joué un rôle direct dans le renversement du régime du Dr N’Krumah ?
Si une participation directe quelconque du président Houphouët-Boigny dans la chute du Dr N’krumah paraît peu probable,
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