plainte contre l’Afrique du Sud au sujet du mandat sur le Sud-Ouest africain à elle confié par la Société des Nations. Le 18 juillet 1966, la Cour internationale de justice rejetait la plainte par sept voix contre sept, celle, prépondérante, du juge australien faisant pencher la balance en faveur de Pretoria.
Cette décision provoquera une émotion considérable dans toute l’Afrique et en particulier à Addis-Abeba.Le président Houphouët-Boigny me dira à ce propos, le lundi 29 août 1966, à Yamoussoukro :
« L’empereur d’Éthiopie a envoyé son ambassadeur au Niger chez Diori pour lui demander son accord, en tant que président de l’O.C.A.M., pour une réunion des chefs d’État à Addis-Abeba en novembre. Quand Diori m’a demandé ce que j’en pensais, je lui ai répondu de tergiverser jusqu’à ce que les esprits se calment. Diori vient de m’envoyer la copie de sa lettre à l’Empereur : il y propose le report du sommet à février de l’année prochaine » [35].
Lors du débat à l’Assemblée générale des Nations Unis sur le même sujet, la position du représentant ivoirien reste très modérée. En effet, M. Aké Siméon demande, en octobre 1966, aux grandes puissances occidentales d’appuyer « la lutte pacifique contre ces racistes… avant qu’en désespoir de cause, pour le plus grand malheur de l’Afrique et du monde, la haine et la violence ne se déchaînent pour tenter d’obtenir ce que la sagesse et la justice n’auront pas su accorder à temps ».
Au mois de mai 1967, il s’en remet, une fois encore, aux mêmes grandes puissances pour trouver une solution à ce problème. Cette position modérée se trouve en contradiction avec celle adoptée par le Sénégal, la R.A.U., le Nigeria et l’Éthiopie, qui avaient recommandé, deux mois auparavant, « le recours à la force contre Pretoria si le Sud-Ouest africain se voit refuser l’indépendance ».
Et quand les « grandes puissances » en question ne réagissent pas, le ministre ivoirien des affaires étrangères conclut publiquement à l’absence d’efficacité des condamnations. Il propose en conséquence, dès février 1968, en termes couverts, le dialogue avec Pretoria [36]. En cela il se conforme, on se doit de le relever ici, à l’optique française et américaine.
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