l’invitation fraternelle du président Houphouët-Boigny, ils se retrouveront en minorité et auront à accepter la volonté des modérés, sous peine d’apparaître comme des diviseurs ; s’ils refusent, leur situation ne sera guère plus brillante.
Les États « révolutionnaires » en sont réduits donc aux actions de retardement. L’ouverture des travaux à Monrovia est reportée une première fois au 8 mai. Un communiqué conjoint guinéo-malien demandant un nouvel ajournement de la conférence est rejeté par le gouvernement libérien. Le 5 mai, au cours d’une conférence de presse, le président William Tubman annonce le rejet de la demande d’ajournement formulée également par MM. Nasser et N’Krumah. Le roi du Maroc justifie son abstention par la participation de la Mauritanie à la conférence. Le Mali et la Guinée essaient également de prendre prétexte de l’absence de M. Gizenga, chef du gouvernement de Stanleyville, non invité. Finalement, un communiqué publié à Conakry montre la profondeur du désarroi des cinq États du groupe de Casablanca. Il y est dit en effet :
« La conférence [de Monrovia] ne fait qu’entériner une confusion qui sacrifie l’authenticité au nombre... »
En somme, les Cinq de Casablanca se croient qualitativement supérieurs aux Vingt réunis à Monrovia. Ou peut-être font-ils allusion à la place énorme occupée à cette conférence par le bloc des treize pays de l’orbite française ? [3].
Sur le fond, la conférence de Monrovia marque, sans conteste, un tournant décisif dans la lutte entre les courants étatique d’une part et panafricaniste de l’autre, une victoire décisive du premier sur le second. Les considérants des résolutions adoptées par la conférence se réfèrent en effet à la « solidarité » à la « coopération », à la « coordination » entre États avant de préciser les principes dont elle se réclame, à savoir :
« 1) Égalité absolue des États Africains et Malgache quels que soient l’importance de leurs territoires, la densité de leurs populations, le volume de leurs richesses ; [...]
6) L’unité visée en ce moment n’est pas l’intégration politique des États Africains souverains mais l’unité des aspirations et des actions considérées au point de vue de l’identité de la solidarité sociale et politique africaine. »
La conférence rejette par ailleurs, dans le