class="spip_note_ref"> [34].
L’éditorialiste ivoirien se demande « combien de temps encore un État comme l’Union sud-africaine pourra appliquer une politique périmée et sanglante ». Mais quatre semaines plus tard, le même éditorialiste semble rassuré par l’évolution des événements et fait preuve d’un grand optimisme en croyant « l’apartheid ébranlé jusqu’à ses bases ».
La volonté du président Houphouët-Boigny d’éviter des réactions émotionnelles en Côte d’Ivoire explique la grande réserve de la presse ivoirienne. Ainsi, elle refuse de faire écho à la décision du Dr N’Krumah de se retirer du Commonwealth, si l’Union sud-africaine y conserve sa place, ou de pavoiser quand l’U.R.S.S. demande l’application de sanctions à l’État raciste. Mais on comprend moins son silence lors de l’évasion du territoire sud-africain de cinq leaders nationalistes. Attitude plus étonnante encore, l’hebdomadaire officieux ivoirien ignore totalement le dépôt, par la Côte d’Ivoire et la Pologne, d’une demande de révocation du mandat de l’Afrique du Sud sur le Sud-Ouest africain. Il ignore aussi les débats du Conseil de sécurité sur le problème de l’apartheid, auxquels la presse mondiale consacre pourtant, de juillet à novembre 1963, de nombreux éditoriaux et articles. Fraternité - hebdomadaire dont les responsables sont les trois premières personnalités du pays - ne rapportera même pas l’exécution de quatre Africains pour sabotage en avril 1964. L’opinion publique ivoirienne, pour accéder à ces informations, devra recourir aux émissions radiophoniques des pays africains voisins.
Cette attitude restrictive, conservatrice, du président Houphouët-Boigny, restera une constante de sa politique vis-à-vis du régime raciste sud-africain.
Homme réaliste, et se sachant de plus désarmé, le président Houphouët-Boigny craint par dessus tout de voir l’Occident acculé à soutenir, pour des raisons historiques, la minorité blanche. Avec, bien entendu, tout ce que cela comporte de risques de radicalisation du mouvement anti-apartheid en Afrique, l’intrusion du bloc communiste, etc. Donc la meilleure tactique consiste à essayer de gagner du temps, en gelant l’ensemble du problème, ou du moins d’en freiner, dans toute la mesure du possible, l’aggravation.
Cette façon d’agir se manifestera avec éclat à propos du Sud-Ouest africain.
Avant même la naissance de l’O.U.A., l’Éthiopie et le Liberia avaient déposé une

Creative Commons License Fonds d’archives Baulin (http://www.fonds-baulin.org), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique