raison. Le double objectif ivoirien paraît être, d’une part de gêner les « Anglo-saxons », mais surtout d’éviter un éventuel recours à la lutte armée populaire avec tout ce que cela comporte de radicalisation.
Par exemple, lors de sa 2e session, le Conseil des ministres de l’O.U.A., réuni à Lagos, décide « de demander aux États africains d’envisager la rupture des relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne au cas où ce pays accorderait l’indépendance à la Rhodésie du Sud sans étendre le droit de vote à la majorité des Africains » [28]. L’hebdomadaire officieux d’Abidjan approuve pleinement. Selon son éditorialiste, « l’O.U.A. a bien travaillé pour la paix en Afrique ».
En avril 1965, à la veille de la déclaration unilatérale d’indépendance, M. Usher Assouan fait un pas de plus dans l’escalade. Il demande au gouvernement britannique de proclamer sa volonté de recourir « à la force, si besoin était, pour empêcher toute déclaration unilatérale d’indépendance de la part de l’actuel gouvernement sud-rhodésien ».
Mieux encore, la Côte d’Ivoire est l’un des signataires de la résolution demandant au Conseil de sécurité de se réunir pour examiner la situation en Rhodésie du Sud, et à la Grande-Bretagne d’empêcher les élections de type racial prévues pour le 7 mai en Rhodésie. Durant son intervention au Conseil de sécurité, M. Usher Assouan se montre tout aussi tranchant. Selon lui, « la Grande-Bretagne sous peine de compromettre ses relations avec 200 millions d’Africains, doit intervenir, au besoin par la force, pour préserver les droits de quatre millions d’Africains ».
Pendant cette même période, à la conférence de Nouakchott de février 1965 qui verra la renaissance d’une organisation politique des États francophones, l’O.C.A.M., comme à la conférence d’Abidjan, trois mois plus tard, on parlera beaucoup du Congo de M. Tshombé et du Ghana du Dr N’Krumah, tout en ignorant totalement la Rhodésie du Sud. L’ambiguïté persiste.
Ni les condamnations de l’O.N.U. et de l’O.U.A., ni a fortiori l’asymétrie flagrante - et constante depuis plus de trois ans - entre les objectifs réels et supposés des États francophones conduits, plus que jamais, par le président Houphouët-Boigny, n’empêchent bien entendu M. Ian Smith de proclamer unilatéralement l’indépendance de la Rhodésie du Sud, en novembre 1965.
On aurait pu croire que ce défi du leader