la constitution éventuelle d’un consortium international pour la commercialisation du cuivre congolais. Dans le même article, on signale le retour, le 15 février, à Paris, de M. Paul Meyer, directeur de la société française « Penarroya », à l’issue d’un séjour à Kinshasa afin de s’informer des conditions éventuelles d’adhésion de son groupe à un consortium international.
Bruxelles risquant de perdre gros, accepte un compromis [19]. Soixante-douze heures plus tard, le général Mobutu dément personnellement toute relation entre le voyage de M. Bomboko et l’affaire du cuivre.
L’échec franco-ivoirien dans cette nouvelle tentative de percée au Congo se trouve accentué par la décision du général Mobutu de faire juger M. Tshombé par contumace : il sera condamné le 13 mars 1967. Trois mois encore, et il sera enlevé, en plein ciel, et transporté à Alger. Qui est le maître d’œuvre de ce coup d’audace ? La Central Intelligence Agency (C.I.A.) selon M. Moïse Tshombé. En juillet 1967, devant la Cour suprême algérienne, il déclare, en effet, avoir été victime d’un complot de la C.I.A. parce qu’il avait été reçu trois fois par le Général de Gaulle, chose qui aurait déplu aux « impérialistes ».
Le général Mobutu se sent apparemment visé, puisqu’il juge nécessaire d’affirmer ne pas être « un valet, pas plus des États-Unis que d’une autre puissance... ». Il montre toutefois le bout de l’oreille, en mettant en relief le soutien accordé par Washington à « nos efforts pour maintenir l’ordre, l’intégrité et l’unité du Congo ».
Le président Houphouët-Boigny est à Bad-Reichenhall, en Bavière, quand il apprend le détournement de l’avion de M. Tshombé. Il ne réagit pas. D’abord parce qu’il est dépourvu de moyens d’actions adéquats. Ensuite et surtout parce que cinq jours auparavant, les services de sécurité ivoiriens ont intercepté, et mis en résidence surveillée le ministre des Affaires étrangères guinéen et le représentant de la Guinée à l’O.N.U., lors de l’escale de leur avion à Abidjan [20]. Situation on ne peut plus cocasse : le leader ivoirien ne peut se permettre de protester contre l’enlèvement de M. Tshombé, ni M. Sékou Touré, de prendre fait et cause pour Alger contre M. Tshombé.<br