militaire du général Mobutu élimine le président Kasavubu de la scène congolaise. Le leader ivoirien semble considérer l’événement comme une défaite belge et une victoire américaine. Opinion partagée bientôt, ouvertement, par la presse belge, puisque La Libre Belgique [18] écrit :
« Les services secrets américains ont cru pouvoir compter sur Mobutu et sur sa dictature militaire pour stabiliser le pays. Ils ont encouragé Mobutu à donner des gages à l’extrémisme africain et à se disputer avec la Belgique... »
Coïncidence curieuse, sinon phénomène remarquable, on assiste, une fois de plus, à une recrudescence d’activité des mercenaires. La presse ivoirienne s’en fait largement l’écho.
Durant tout le second semestre de 1966, le gouvernement du général Mobutu ne jouit de toute évidence pas d’un préjugé favorable à Abidjan. Mais, dans les toutes premières semaines de 1967, on assiste à un changement d’attitude : dans l’épreuve de force qui oppose le général Mobutu à l’Union minière, Abidjan ne cache pas sa sympathie au premier ! Les articles favorables au gouvernement congolais et expliquant son point de vue se multiplient. Pourquoi ce regain d’intérêt ?
A ce moment, la situation du gouvernement de Kinshasa est particulièrement délicate. Sa décision du 31 décembre 1966 de « congoliser » l’Union minière amène celle-ci à menacer Kinshasa d’un boycottage du cuivre congolais par les clients étrangers. La France, semble-t-il, n’est pas prête à suivre le mouvement de solidarité internationale. L’émotion est grande à Bruxelles. On y parle de collusion entre Paris et Kinshasa. Pour La Libre Belgique « les mesures insolites (prises par le général Mobutu)... ont remarquablement servi les intérêts français ».
Le général Mobutu, lui, joue le jeu. Si, déclare-t-il, la France voulait faire bande à part, cela nous ferait énormément plaisir. Il rend ensuite un hommage dithyrambique au général de Gaulle, « chef d’État que le monde entier admire et que nous, Congolais, aimons bien, à cause de sa franchise, de sa personnalité et de tout ce qu’il a fait sur le plan historique ».
Le 17 février 1967, le quotidien officieux d’Abidjan annonce l’arrivée imminente, à Paris, de M. Bomboko, ministre congolais des Affaires étrangères, porteur d’un message du général congolais au général français. Le journaliste relève encore l’absence, jusque-là, d’un lien entre la mission du ministre Bomboko en France et

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