Nations Unies. Il est hostile à cette initiative car la Côte d’Ivoire est alors le seul membre africain, avec le Maroc, du Conseil de sécurité, et risque par conséquent de se trouver devant une situation inconfortable, c’est-à-dire d’avoir à prendre ouvertement position.
Mais quand, le débat public n’ayant pu être évité, l’affaire vient en discussion, le choix du président Houphouët-Boigny est tout fait : il appuie le gouvernement de M. Tshombé. Le Maroc et la Côte d’Ivoire parraineront une motion où l’on ne trouve aucune condamnation de l’action belgo-américaine à Stanleyville. Les représentants des États membres de l’O.U.A. se réunissent à New York et les désavouent en décidant par 20 voix contre 0 et 10 abstentions de demander au Conseil de sécurité des Nations Unies de condamner l’intervention militaire belgo-américaine. Peine perdue : Rabat et Abidjan passent outre. La résolution ivoiro-marocaine sera adoptée. Abidjan n’a donc pas craint le discrédit et l’isolement au sein de l’O.U.A.
Durant cette période, deux autres faits mettent en relief la détermination de M. Houphouët-Boigny. D’abord dans les jours qui suivent immédiatement l’affaire de Stanleyville, et au moment même où s’effectue le retrait des parachutistes belges, le général de Gaulle reçoit M. Moïse Tshombé « avec les égards dûs à un chef de gouvernement ». Second fait à relever, les efforts d’Abidjan pour « dépersonnaliser le problème congolais », car M. Moïse Tshombé est « l’homme le plus discrédité et le plus honni dans la plus grande partie du tiers monde » [13].
Le processus de récupération et « d’ancrage » du Congo-Léopoldville dans l’ensemble francophone commence donc dans la capitale mauritanienne à la veille de la création de l’O.C.A.M. M. Robert Rothschild, ancien membre du cabinet de M. Spaak, y est à pied d’œuvre pour essayer de convaincre certains chefs d’État sur la nécessité, pour l’Afrique francophone, d’apporter une contribution au régime congolais notamment en lui fournissant une aide militaire.
Le quotidien officieux d’Abidjan tiendra à relever l’absence de relation de cause à effet entre la présence de M. Rothschild « qui n’a eu à Nouakchott que des contacts personnels » et la décision de la conférence - figurant dans le communiqué final - « de ramener la paix au Congo-Léo par l’aide du gouvernement légal », dirigé par