séjour, les 13 et 14 juillet 1972, à Yamoussoukro : « Je n’ai pas réussi à lui faire changer de conversation », me dira le Président...
On pourrait citer de nombreux autres exemples de son courage à défendre sa politique, ses idées, ses collaborateurs. Si je me suis étendu sur mon cas personnel _je m’en excuse à nouveau_ c’est qu’il met en relief une facette peu connue et particulièrement attachante de sa personnalité. D’autres, plus puissants et soumis à des pressions bien moindres, auraient capitulé en prétendant se comporter en hommes d’État.
Il faut préciser tout de suite que cette amitié n’était nullement gratuite mais au contraire, fonction des services rendus à son pays. En ce sens, l’affaire de la SONORA [2] devait jouer un rôle décisif. À partir de là, sa confiance ira en croissant au fil des mois et des années.
Au début de janvier 1967, ayant eu à étudier un document de la SONORA, j’y constate certaines anomalies criardes dont une touche à l’absurde : on y trouve en effet un poste « sacherie » de 1 900 francs CFA par tonne, pour la totalité des exportations _donc en emballages perdus_ alors que, suivant le même document, la majeure partie de ces exportations se fait en vrac. Après de nombreux recoupements et beaucoup d’hésitations, je me décide à en informer le Président par une lettre datée du 31 janvier 1967 [3]. En théorie, pour des ventes de plus de 157 000 tonnes en 1967/1966, la différence représente quelque 300 millions de francs CFA, soit 3 % du budget de l’État.
Quelques semaines plus tard, de passage à Niamey, je soulève le problème lors de l’audience que m’accorde le Président. Celui-ci, quoique trouvant _comme moi d’ailleurs_ qu’une « erreur » de cette taille, « c’est un peu gros », me fait part de sa volonté d’ordonner une enquête. Celle-ci prendra bientôt une grande ampleur embrassant l’ensemble de la gestion de la SONORA et celles des autres sociétés d‘économie mixte.
Dans son rapport final, le ministère des Affaires économiques, du Commerce et de l’Industrie tient à exclure « de toutes manières le détournement d’une somme de plus de 100 millions à des fins personnelles », opte pour « la mauvaise gestion » et conclut :
« Les bruits les plus tendancieux circulent sur les sociétés
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