nord, des deux côtés de la frontière nigéro-tchadienne limitrophe de la Libye, nomadisent des éléments de la même ethnie toubou. Et comme me le confiait, à l’époque, M. Maitouraré Gadjo, « si nos 5 000 Toubous entrent aussi en dissidence, tout le budget du Niger ne suffira pas pour la réduire. »
Il y a plus. Toujours aux confins nigéro-libyens mais en-deçà de la frontière, des fortins édifiés du temps de la colonisation, et inoccupés par l’armée nigérienne faute de moyens, reçoivent bientôt des garnisons libyennes. Le territoire nigérien se trouve ainsi amputé de quelques 20 000 km² et le puits de Toummo passe sous contrôle libyen. Ici encore, il ne peut être question de reconquête militaire, du moins dans un avenir prévisible.
Autre élément d’inquiétude, d’aucuns considéraient naguère l’ensemble de cette région septentrionale du Niger qui englobe pourtant plus de la moitié du territoire national, comme partie intégrante de l’Afrique blanche. C’est pourquoi, précisément, le Président lui portait un intérêt tout particulier. Il gardait en effet un souvenir amer des événements qui, en 1958, avaient précédé et suivi la mise sur pied de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). Un courant politique assez puissant à Paris avait tenté alors de créer une psychose de sécession chez les Targuis et les Toubous du Niger. Le retour au calme avait nécessité de gros efforts.
Dès son accession à la direction du gouvernement du Niger, M. Diori Hamani s’était acharné à renforcer l’ancrage de ces groupes ethniques au sein de la collectivité nationale. Même avant l’arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi, il était conscient de l’existence de puissantes forces centrifuges dans cette région, comme en zone haoussa. D’où son insistance pour la primauté de la lutte pour l’unité nationale, et surtout l’association constante des représentants de ces ethnies à la direction du pays. M. Diori Hamani essayait de s’assurer leur collaboration et a fortiori s’abstenait de les pourchasser, et eux, se sentant chez eux au Niger, ne semblaient pas avoir de raisons valables pour chercher refuge en Libye, en emportant plans et cartes d’ État-Major, liste d’officiers et directives militaires [1].
Cette image serait incomplète si on ne relevait enfin que les mines d’uranium de l’Aïr se trouvent précisément dans cette immensité désertique.
Dans ce cadre, on comprend mieux pourquoi le président Diori consacrait beaucoup de temps, d’efforts, de réflexion aux affaires libyennes. Il cherchait constamment des moyens nouveaux pour neutraliser le dynamisme expansionniste de Tripoli, d’autant
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